Échelle 49 : L’héroïsme ordinaire
Échelle 49 n’est ni vraiment film d’action ni tout à fait étude psychologique. En fait, c’est un hommage à l’héroïsme ordinaire des pompiers américains, somme toute efficace, mais pas très convaincant.
Depuis toujours, le cinéma américain s’est ponctuellement intéressé au pompier, figure importante de l’imaginaire collectif. Le dernier film en date, Échelle 49, sort dans un contexte particulier puisqu’il est le premier à mettre les pompiers en vedette depuis que les événements de septembre 2001 ont contribué à mythifier encore davantage ce "combattant du feu". Cependant, malgré le contexte et les noms à l’affiche (Joaquin Phoenix et John Travolta), Échelle 49 n’est pas le gros film d’action auquel on pouvait s’attendre. Le réalisateur Jay Russell a choisi une narration en mode mineur, préférant la dimension humaine à l’artillerie lourde.
L’impressionnante scène d’ouverture laissait pourtant présager le contraire. Durant un terrible incendie, le pompier Jack Morrison (Phoenix) est victime d’une chute de plusieurs mètres. Blessé, coincé et désorienté dans l’immeuble qui menace de s’effondrer, Jack n’a plus qu’à espérer que ses collègues, lancés à sa recherche, arrivent à le secourir à temps. Avec ces prémisses, on se serait ici attendu à une sorte de La Chute du faucon noir version pompier. Pourtant, pas du tout. Confronté à sa mort en attendant les secours, Jack voit sa vie défiler en flash-back: son premier jour de travail, son premier incendie, la rencontre avec sa femme, la naissance de leur premier enfant, les tensions conjugales provoquées par le stress, les moments privilégiés avec ses confrères à la caserne ou au pub… Le film change alors de registre… et se met à piétiner. On délaisse le héros, la dimension mythique du récit, pour s’intéresser aux sacrifices de l’homme ordinaire, qui accomplit avec passion un métier extraordinaire.
En soi, l’idée de désamorcer ainsi l’action est séduisante. Le problème, c’est que cette belle intention est mal servie par un scénario qui multiplie les lieux communs et s’empêtre dans de nombreux retours en arrière qui finissent par nuire au rythme et par étouffer le crescendo dramatique. Et en fin de compte, il n’y a dans Échelle 49 ni action vraiment satisfaisante ni portrait humain convaincant. Entendons-nous, il y a ici du positif. Sans être transcendant, le résultat s’avère somme toute efficace. Fort bien tourné, il se révèle par moments saisissant. Il doit cependant tout à Phoenix, dont l’allure, la lourdeur et les hésitations conviennent parfaitement à ce personnage attachant. En fait, le vrai sauveteur (du film), c’est lui.
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