Incident at Loch Ness : Le projet Nessie
Cinéma

Incident at Loch Ness : Le projet Nessie

Été 2003, Werner Herzog s’apprête à tourner le documentaire Enigma of Loch Ness pendant que John Bailey réalise le portrait Herzog in Wonderland. Enfin, c’est ce que raconte Incident at Loch Ness de Zak Penn…

Aussi célèbre pour ses œuvres remarquables (Nosferatu, Fitzcarraldo) que pour sa personnalité excentrique et son caractère bouillant, rudement mis à l’épreuve par son acteur fétiche Klaus Kinski (voir le documentaire Mon ennemi intime), le réalisateur allemand Werner Herzog s’est prêté à un bien étrange exercice sous la direction de Zak Penn, qui s’est d’abord fait connaître comme scénariste (Last Action Hero, X-Men II).

Sous ses airs de documentaire, Incident at Loch Ness nous présente Herzog se préparant à réaliser un film sur Nessie, le monstre du Loch Ness, non pour chasser la bête mais pour explorer la nécessité d’un tel mythe dans l’imaginaire collectif. Tournant Herzog in Wonderland, le réalisateur John Bailey (How to Lose a Guy in 10 Days), suit pas à pas le cinéaste. Jusque-là, tout semble vraisemblable. D’autant plus que tous les protagonistes à l’écran jouent leur propre rôle. Entre en scène Zak Penn, personnage détestable, prétentieux et manipulateur – admirons le culot du réalisateur d’avoir osé se dépeindre sous ce jour peu flatteur -, qui en fera voir de toutes les couleurs à Herzog, qui explosera à quelques reprises, et aux équipes de tournage.

Jouant sur la crédulité du spectateur, à la manière de l’habile Blair Witch Project et de l’infâme September Tapes, Penn signe le faux making of d’un faux documentaire avec assez de bonheur, témoignages des participants à l’appui. Toutefois, le réalisateur n’y va pas de main morte du côté des éléments loufoques (l’ex-playmate Kitana Baker dans le rôle d’une opératrice de sonar) et d’horreur (deux membres de l’expédition y laisseront leur peau!). Ainsi, l’ensemble, que l’on dit conçu à partir des bandes des deux équipes, perd trop rapidement de sa crédibilité, et le spectateur n’a plus vraiment envie de jouer. Une chose est sûre, Herzog a de l’humour à revendre, comme le prouve cette scène où Penn le menace de tourner à la pointe d’un fusil (selon une légende urbaine, le cinéaste aurait agi ainsi avec Kinski). Malgré tout, un audacieux délire cinématographique qui se laisse regarder avec plaisir.

Voir calendrier Cinéma Exclusivités