Samsara : L’empire des sens
Cinéma

Samsara : L’empire des sens

Avec Samsara, Pan Nalin explore les difficultés d’un jeune moine déchiré entre désirs charnels et engagement spirituel, le tout dans le magnifique décor glacé du Ladakh.

Ayant vécu en transe profonde dans une grotte durant trois ans, trois mois et trois jours, le jeune moine Tashi (Shawn Ku) découvre à sa sortie dans le monde que les plaisirs de la chair l’attirent davantage que la vie austère des lamas. Au cours d’une visite au village voisin, il s’éprend de la belle Pema (Christy Chung), qui ne lui est pas insensible. Témoin du trouble de Tashi, le doyen du monastère l’envoie dans un ermitage où il étudie le tantrisme. Peu après, Tashi partira vers le monde des hommes (samsara), où il épousera Pema, avec qui il fondera une famille. Malgré son bonheur, Tashi sera sans cesse partagé entre ses sens et son engagement spirituel.

Premier film entièrement tourné au Ladakh, désert glacé indien coupé du monde sis entre la Chine et le Pakistan, Samsara a bien failli ne pas voir le jour. De fait, Pan Nalin, qui avait réalisé Ayurveda – The Art of Being, documentaire sur une technique thérapeutique ancestrale, a dû se battre pendant sept ans afin de réaliser cette fresque splendide dans une région marquée par la tension politique. Bien qu’il ait connu un tournage très difficile (ponctué, entre autres, par des inondations et par le meurtre de trois moines par des militants cachemiris), Nalin est parvenu à signer une œuvre contemplative d’une beauté solennelle dont la photographie soignée révèle avec respect les rituels sacrés et les coutumes quotidiennes d’un monde inconnu du commun des mortels.

Pourtant, malgré son regard attentif aux moindres détails, que l’on pourrait qualifier d’anthropologique par moments tant l’on a l’impression de quitter la fiction pour le documentaire, Nalin n’arrive pas à nous faire pénétrer totalement dans l’univers qu’il dépeint cependant avec un souci d’authenticité remarquable – allant jusqu’à employer des acteurs non professionnels pour incarner les personnages secondaires – et une sensualité à fleur de peau. Seraient-ce les dialogues peu abondants? La simplicité du récit? Les personnages schématiques? L’effet carte postale qui se fait sentir devant la succession d’images à couper le souffle? Faute de psychologie fouillée, Samsara n’apparaît alors que comme un long pèlerinage dans une région exotique où le cinéaste a préféré contempler la majesté des paysages plutôt que de sonder les âmes tourmentées entre la chair et l’esprit. Et comme toute bonne chose, la beauté finit par lasser.

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