Dear Frankie : Tragédie écossaise à la grecque
Dear Frankie de Shona Auerbach: qu’il soit maternel, fou, de passage, propre ou passionnel, c’est encore et toujours d’amour qu’il est question!
C’est tout d’abord l’Écosse dans ce qu’elle a de meilleur: ses pubs à chaque coin de rue, ses paysages pittoresques splendides et son accent à couper au couteau… Puis, c’est le pays dans ce qu’il a de plus déprimant: son froid mordant, sa grisaille perpétuelle et sa tristesse ambiante. C’est enfin des personnages fidèles à leur patrie: ni trop roses, ni trop sombres – dans un dosage presque égal d’allégresse et de spleen -, qui s’aiment, se quittent, se re-aiment et se re-séparent sans relâche. Nul besoin donc de préciser que le very scotish Dear Frankie de Shona Auerbach n’est pas un film dont vous sortirez avec une folle envie de gambader et une tentation irrésistible de rire à gorge déployée. À moins que ce ne soit dans le but de camoufler (peu) subtilement cette larme qui perle au coin de votre paupière ou ce coulis de mascara qui résiste à vos frottements acharnés…
Les incontournables fish and chips y figurent nature, mais l’amour est servi au spectateur à toutes les sauces. Pérennité d’une ancienne liaison tumultueuse avec un homme violent (agressif Sean Brown), naissance quasi insoupçonnée d’une nouvelle flamme qui se présente sous les traits d’un captivant inconnu (séduisant Gerard Butler), dévouement infini pour un fils handicapé (mignon Jack McElhone), tendresse puissante pour une mère caractérielle (bourrue Mary Riggans)… Une chose est sûre, Lizzie Morrison (excellente Emily Mortimer) ne pourrait guère être accusée de faire chômer son cœur. Ni d’empêcher de faire battre celui des hommes qui l’entourent. C’est donc avec avidité que le spectateur suivra son parcours et celui de ses proches, se laissant entraîner dans des soirées d’ivresse et de folklore, pénétrant dans l’intimité de secrets de famille et se désolant devant tant de faux-semblants et de non-dits. Car, comme dans tout bon drame qui se respecte, les fils tragiques se multiplient à une vitesse effarante, se mêlent puis s’entremêlent encore davantage, pour finir par enfin se dénouer avec facilité, faisant ainsi succéder à la féroce tempête un calme plat… ou presque.
Si vous pensiez être en mesure d’éviter la douche écossaise de vos glandes lacrymales, meilleure chance la prochaine fois! Auriez-vous oublié le célèbre dicton attestant que sitôt le kilt tombé, l’œil commence à se liquéfier?