Festival du Nouveau cinéma : Crème des festivals
Cinéma

Festival du Nouveau cinéma : Crème des festivals

Le FCMM s’appelle dorénavant le Festival du Nouveau cinéma. Rassurez-vous, sa programmation s’avère toujours d’une aussi grande qualité. Retour sur nos découvertes de Cannes et de Toronto.

LES MUSTS

Vous en entendez parler depuis des mois; ils arrivent enfin sur nos écrans.

Film d’ouverture du Festival du Nouveau cinéma, Clean d’Olivier Assayas raconte avec émotion et nostalgie les déboires d’une toxicomane voulant récupérer la garde de son fils. Avec l’excellente Maggie Cheung, Prix d’interprétation féminine à Cannes, et Nick Nolte, qui offre un jeu nuancé. Précédant le film d’Assayas, Ryan de Chris Landreth s’avère un documentaire d’animation inquiétant par son esthétique et bouleversant par son sujet, Ryan Larkin, cinéaste de génie ayant sombré dans l’oubli.

Moins kitsch et flamboyant que les précédentes œuvres du cinéaste madrilène, La Mala Educación de Pedro Almodóvar relate une sombre histoire d’amour entre deux garçons victimes de la jalousie d’un prêtre pédophile. Avec l’éblouissant Gael García Bernal dans le rôle d’un travesti manipulateur.

Prix fort mérité du scénario à Cannes, Comme une image d’Agnès Jaoui met en scène la nouvelle venue Marilou Berry, fille de Josiane Balasko, dans la peau d’une jeune fille bourrée de complexes et vivant dans l’ombre de son célèbre père écrivain (Jean-Pierre Bacri, au sommet de sa forme). Mise en scène d’une élégance classique et dialogues magnifiquement écrits.

Avec un humour mordant et subtil, Childstar de Don McKellar (Last Night) trace le portrait d’un insupportable enfant vedette qui s’humanisera quelque peu au contact d’un aspirant cinéaste. Avec Jennifer Jason Leigh, impeccable en mère de star capricieuse et désabusée.

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QUELQUES DÉCEPTIONS

La notoriété d’un réalisateur n’est pas nécessairement un gage de satisfaction pour le cinéphile…

Anatomie de l’enfer de Catherine Breillat, adaptation de son roman Pornocratie, met en scène une jeune femme (courageuse Amira Casar) qui engage un homosexuel (rigide Rocco Siffredi) pour la regarder lorsqu’elle n’est pas regardable. Pour inconditionnels seulement.

Porté par des images d’une beauté à couper le souffle, Ghost in the Shell 2 – Innocence de Mamoru Oshii ennuie par ses nombreux dialogues lassants. Pour les mordus de mangas.

D’Amos Gitaï, Promised Land dévoile sans complaisance l’univers de la prostitution en Israël. Sincère, brut, mais peu captivant. Avec Hannah Schygulla et Anne Parillaud.

Bien que l’on y retrouve avec plaisir l’imagination délirante d’André Forcier, Acapulco Gold, où un homme prétend avoir connu Elvis Presley 14 ans après sa mort, déçoit par sa facture brouillonne et son acteur principal qui en fait des tonnes.

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À SURVEILLER

Certaines se démarquent par leur originalité, d’autres par leur sincérité. En somme, des œuvres qui bouleversent ou dérangent tant par ce qu’elles racontent que par leur façon de raconter.

L’émotion est au rendez-vous dans le "road-documentaire" 10 on Ten d’Abbas Kiarostami, cours de cinéma en dix leçons servies par le grand réalisateur iranien, qui semble désabusé par l’évolution du septième art. Pour sa part, dans Notre musique, Jean-Luc Godard livre sur la guerre une réflexion lyrique et envoûtante en trois actes – enfer, purgatoire et paradis.

Adaptation sensible du roman de Dany Laferrière, Le Goût des jeunes filles de John L’Écuyer fait revivre le Haïti des années 70. La mise en scène par moments originale ne parvient toutefois pas à faire oublier le jeu inégal des acteurs.

Deuxième film d’Asia Argento (Scarlet Diva), The Heart Is Deceitful Above All Things nous plonge dans l’univers sordide du jeune fils d’une prostituée toxicomane. Vision misérabiliste et complaisante de l’Amérique profonde. Notons la participation d’Ornella Muti et de Peter Fonda en grands-parents fanatiques de religion. On préfère de beaucoup Mirage du Macédonien Svetozar Ristovski, qui raconte avec force et respect une histoire tout aussi pathétique, celle d’un gamin doué issu d’une famille rongée par la misère et l’alcoolisme.

Sans une goutte de romantisme, 5 X 2 de François Ozon livre à rebours cinq grands moments de la vie d’un couple. Pour l’interprétation sensible de Valeria Bruni-Tedeschi et de Stéphane Freiss.

Pour une bonne dose d’étrangeté, voyez Tropical Malady d’Apichatpong Weerasethakul, qui raconte en deux temps la relation amoureuse d’un paysan et d’un soldat. À Cannes, où le film a remporté le Prix du jury, plus d’un spectateur a cru que le projectionniste s’était trompé de bobines à la mi-temps…

Juste pour rire: une curiosité irrésistible que ce délirant Cinéastes à tout prix de Frédéric Sojcher, qui suit le parcours de trois "Ed Wood de la Wallonie".

Enfin, Roy Dupuis s’illustre avec sobriété dans Mémoires affectives de Francis Leclerc, film de clôture du Festival. Il y incarne un homme amnésique à la recherche de son passé. Atmosphère glacée et revirements déroutants. Bon festival!w

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