Some Kind of Monster de Metallica : Heavy mental
Cinéma

Some Kind of Monster de Metallica : Heavy mental

Lorsque Joel Berlinger et Bruce Sinofsky débarquent aux studios Presidio en 2000, les deux cinéastes, engagés pour capter les séances d’enregistrement du nouvel album de Metallica, en ont, disons, un peu plus pour leur pellicule.

Sentant une rupture possible pour la première fois en plus de 20 ans de carrière, les rockeurs bourrus choisissent d’exorciser leurs démons via la thérapie; trois ans et quelques millions de dollars plus tard, ce processus débouchera sur l’album St.Anger et le documentaire Some Kind of Monster. Métal? Pantoute. Heavy? Mets-en!

Relevant plutôt de Let It Be ou de Heart of Darkness (qui documentait le Viêt Nam intérieur de Francis Ford Coppola durant le tournage d’Apocalypse Now), les 140 minutes de Some Kind of Monster, tournées sur près de 900 jours (!), transcendent le genre rockumentaire pour brosser le portrait intime des trois individus assez fuckés qui forment la légendaire institution métal. Session après session (de thérapie comme d’enregistrement), les caméras de Berlinger et Sinofsky veillent sur James Hetfield, Lars Ulrich et Kirk Hammett, qui tentent désespérément de prouver qu’ils sont encore dignes de leur couronne de rois du métal commercial. Dès les premiers jours d’enregistrement, on assiste à la collision de deux gigantesques forces de la nature, soit les ego de Hetfield et d’Ulrich. D’une part, Hetfield est en panne d’inspiration et l’idée du réalisateur Bob Rock de composer en groupe et en studio l’emmerde et le rend insécure. De son côté, le batteur prend un malin plaisir à lui répondre insolemment chaque fois qu’on lui en donne la chance, rappelant aux spectateurs la guerre de pouvoir qui règne depuis les débuts du groupe entre les deux types, amis depuis l’adolescence.

Au 44e jour, la tension éclate. Hetfield claque la porte, quitte le studio. Il n’y remettra pas les pieds durant neuf longs mois, le temps d’une cure intensive de désintoxication et de réhabilitation qui mettra en péril l’existence de la machine multimillionnaire qu’est devenu Metallica. Après la pause, James Hetfield sombre dans l’enfer de la drogue… Mais ce qui surprend de SKOM, et ce qui lui a sans doute valu son succès au dernier Festival de Sundance, c’est justement que Berlinger et Sinofsky nous épargnent tous les clichés de la traditionnelle musicographie. Oui, Hetfield justifie l’ancien surnom d’Alcoholica qu’on donnait autrefois à son groupe, mais c’est plutôt l’enfer de la panne sèche, vécu sous l’œil désobligeant des caméras, dont on est témoin, et les incertitudes auxquelles le groupe doit faire face durant l’absence de son chanteur.

Rencontré à la fin du tournage, Hetfield s’explique: "J’avais besoin de décrocher, de faire le vide. Je me définissais uniquement comme le "dude" qui chante pour Metallica, et tout ce qui vient avec ce personnage. J’ai dû me demander: si Metallica n’existe pas, est-ce que je continue d’exister?" La suite, c’est que, évidemment, Metallica a poursuivi son parcours de guerrier. Au 400e jour de tournage, Hetfield regagne le quartier général du groupe, et Metallica se lance en terra incognita.

Si vous cherchiez les party animals du temps de Master of Puppets, ça peut faire un pincement au cœur. Car en plus de révéler la nouvelle philosophie "hugs, not drugs" des trois rockeurs, SKOM démontre également avec exactitude le paradoxe que peut devenir un groupe rock embourgeoisé au max. En fait, le documentaire révèle avec humanité, humour et compassion le véritable amalgame de personnalités qui permet au monstre qu’est Metallica de fonctionner.

Le 18 octobre à 19 h 30
Au Théâtre Granada
Le 3 novembre à 19 h 00
Au Théâtre Centennial
Le 4 novembre à 20 h 30
À la Salle Maurice-O’Bready

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