Le Petit Jean-Pierre, le grand Perreault : Ombres et lumières
Cinéma

Le Petit Jean-Pierre, le grand Perreault : Ombres et lumières

Avec Le Petit Jean-Pierre, le grand Perreault, Paule Baillargeon brosse un portrait touchant du chorégraphe montréalais, présenté les 23 et 24 octobre au Festival du Nouveau Cinéma.

Après Claude Jutra, portrait sur film (2002), la cinéaste Paule Baillargeon rend maintenant hommage à un artiste phare du milieu de la danse contemporaine. Le Petit Jean-Pierre, le grand Perreault se présente sous la forme d’un documentaire à saveur poétique et intimiste qui nous dévoile, sans trop d’impudeur, certains liens existant entre des faits marquants de l’enfance du chorégraphe et la direction esthétique qu’a pu prendre son œuvre au cours des trois décennies durant lesquelles elle s’est développée.

Issu d’une famille pauvre de l’Est de Montréal où la culture n’est pas un droit acquis, Jean-Pierre Perreault trouve vite refuge dans la lecture des grands auteurs existentialistes tels Sartre et Kafka. Alors qu’il n’est encore qu’un adolescent, il fait la rencontre de Jeanne Renaud, fondatrice du Groupe de la Place Royale – le tout premier collectif de danse contemporaine au Québec. Cette rencontre sera déterminante, car le Groupe fera non seulement figure de lieu d’apprentissage de la danse pour le jeune homme, mais également de famille. Il y côtoiera, entre autres, certains précurseurs du mouvement automatiste.

Il est alors le seul homme de la troupe de danse et devient, par le fait même, le premier danseur contemporain masculin d’expression francophone au Canada. À partir de 1972, pris par le besoin de créer, il s’imposera comme chorégraphe. "On ne devient pas chorégraphe par métier… il faut avoir un besoin irrépressible de le faire. Et à partir de là, habituellement on a quelque chose à dire", affirmera-t-il au cours d’une des deux entrevues qu’il a accordées à Paule Baillargeon, quelques semaines avant sa mort, en décembre 2002.

Le film nous donne accès à de précieuses pièces d’archives: photos rapportées des nombreux voyages à l’étranger qu’a entrepris le chorégraphe, extraits vidéographiques de ses pièces, témoignages éclairants de plusieurs de ses proches amis et collaborateurs, tels Michèle Febvre, AnnBruce Falconer, Daniel Soulières, Vincent Warren, Bertrand Chénier et Louis-Pierre Trépanier.

Il nous est alors aisé de plonger au cœur de l’univers d’un homme hanté par des sujets comme la mort, la solitude, l’anonymat et l’abandon. L’ensemble de l’œuvre de Jean-Pierre Perreault – ce film nous le démontre avec brio – porte les traces d’un "cœur en hiver". Celui d’un homme lucide ayant sublimé les blessures de son enfance à travers les fresques vivantes qu’il peignait avec un réalisme percutant afin que l’homme ordinaire puisse s’y reconnaître.

Paule Baillargeon réussit à nous présenter "le vrai monde" de Jean-Pierre Perreault avec une simplicité qui fait honneur à l’œuvre du chorégraphe. Il s’agit donc d’un hommage bien rendu à celui qui a mis la danse contemporaine montréalaise sur la carte du monde, avec sa célèbre pièce Joe, il y a de cela déjà plus de 20 ans. Une pièce qui fait d’ailleurs encore, à cette heure-ci, le tour du monde…

Voir calendrier Cinéma Exclusivités et Événements