Luther : Éther
Cinéma

Luther : Éther

Luther, un récit ennuyeux retraçant la vie de Martin Luther, le père du protestantisme.

Certains films biographiques ont réussi, grâce à leur grande sensibilité, à leur finesse et à leur originalité, à saisir l’essence de personnages marquants tels que Mozart, Lautrec, la reine Élisabeth, Molière, Gandhi ou encore Glenn Gould. Dommage, Luther, du réalisateur Eric Till (Hot Millions), est loin d’atteindre un tel résultat. Le film s’avère à peine plus intéressant que la lecture des indications suivantes dans un dictionnaire de noms propres: Martin Luther (1483-1546).

Martin Luther est né en Allemagne. Rescapé un jour de terrible orage, il décide de dédier sa vie à Dieu et entre chez les Augustins. Envoyé à Rome, il revient chez lui dégoûté par le mercantilisme hypocrite de l’Église. À partir de ce moment, il la défiera et luttera contre elle sans relâche, au moyen, notamment, de ses 95 thèses écrites contre la vente d’indulgences, ouvrant ainsi la voie à une profonde réforme religieuse qui bouleversera l’Europe.

S’efforçant de contenir chacun des moments clés de la vie du moine augustin, sans aucun rythme et, surtout, sans âme, le film ne devient plus qu’une longue énumération de dates à retenir. Tant et si bien que la salle de cinéma prend rapidement des airs de salle de classe. Il semblerait que Joseph Fiennes ait accepté d’incarner Martin Luther parce qu’il aurait auparavant, à cause d’un conflit d’horaire, décliné avec grand regret le rôle au théâtre. Aurait-il dès lors omis de lire le scénario? Une fois sa réponse donnée, Bruno Ganz et Sir Peter Ustinov acceptèrent les rôles importants du père Johann von Staupitz, mentor de Luther, et du prince Frédéric III de Saxe. Alors que le jeu de Fiennes est ampoulé et complaisant, celui de ces deux grands acteurs ne réussit pas à sauver les meubles. Quant au nom d’Alfred Molina figurant en tête d’affiche, sa place y est inversement proportionnelle à l’importance de son personnage.

Filmé de façon convenue, sans aucune audace, autant sur le plan des cadrages que de la lumière, animé d’une musique mur à mur sirupeuse et parsemée de séquences mélos des plus collantes, Luther vous apprendra peut-être quelque chose sur ce simple moine qui osa défier l’Église catholique… à moins que vous ne préfériez, par économie de temps, ouvrir un dictionnaire.

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