Décadence : La vie est belle
Décadence, premier long métrage de James Wan, bien qu’il ne soit pas sans rappeler, par sa facture et son esprit, le Se7en de David Fincher, n’en affirme pas moins une personnalité propre… dans un univers crade.
Adam (Leigh Whannell, aussi scénariste), un photographe, et Lawrence Gordon (Cary Elwes), un docteur, se réveillent, enchaînés aux extrémités d’une salle de bain infecte, avec, entre eux, le cadavre d’un homme qui s’est tiré une balle dans la tête. Comment ils sont arrivés là et ce qu’on attend d’eux, ils n’en ont aucune idée, mais une chose est certaine: ils doivent réfléchir et coopérer. Bientôt, ils découvrent qu’ils sont les victimes d’un meurtrier en série surnommé le Tueur au casse-tête, qui s’amuse à concocter des jeux macabres dont le but est de faire prendre conscience aux participants de la valeur de la vie. Le docteur Gordon est au courant de l’affaire, car il a lui-même été soupçonné d’être l’assassin par l’inspecteur chargé de l’enquête (Danny Glover) quelques mois plus tôt. Maintenant, il doit tuer Adam avant que l’horloge indique 6 h s’il veut que sa femme (Monica Potter) et sa fille survivent.
Chaque année, la période de l’Halloween nous amène son lot de films d’horreur et autres suspenses surnaturels qui s’avèrent, la plupart du temps, assez décevants. C’est donc avec un certain enthousiasme qu’on accueille Décadence, de James Wan, pour son côté dépouillé, sa tension psychologique et son inventivité machiavélique. Ainsi, à travers un montage alerte se dessine ici un univers cru, répugnant, où l’horreur s’enracine dans la réalité la plus commune, ce qui la rend d’autant plus redoutable. En effet, nul besoin d’effets spéciaux spectaculaires pour nourrir l’imagination, une simple scie suffit…
Sans compter que le film privilégie le point de vue des victimes. Ajouté au fait qu’il repose sur des problèmes moraux -demandant jusqu’où quelqu’un est prêt à aller pour sauver sa vie ou celle de ses proches et impliquant que ce ne soit pas le fou sadique qui commette les crimes, mais bien les joueurs – cela déplace le problème sur le plan psychologique. Il était d’ailleurs assez osé de miser sur un huis clos entre deux hommes pratiquement incapables de bouger, entrecoupé de flashs-back et de quelques coups d’œil sur ce qui se passe à l’extérieur, pour captiver le spectateur. Mais ça fonctionne; l’intrigue s’avère plutôt bien construite et on sent l’évolution de l’état d’esprit des personnages jusqu’au punch final, sans pour autant que soient négligés le gore et le pervers. Bref, du bonbon (et bien des lames de rasoir), à temps pour l’Halloween.
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