Ghost in the Shell 2: Innocence : L’âme et la machine
Avec Ghost in the Shell 2, Mamoru Oshii signe, 10 ans après la sortie de son film d’animation-culte, une suite qui réfléchit à voix haute sur la nature de l’humain et de la machine.
L’histoire se passe en 2032, dans une ville semblable au Los Angeles de Blade Runner, mais à laquelle on aurait injecté des stéroïdes anabolisants. Comme dans le film de Ridley Scott, on est plongé dans un univers où, esthétiquement, le futur se conjugue au passé, où une science-fiction froide et cérébrale à saveur cybernétique se déploie dans un voluptueux écrin de film noir. Et il y a une bonne raison à ce mariage: le film noir est le genre idéal pour mêler thriller et questionnement existentiel. Or, dans les films de Ridley Scott et de Mamoru Oshii, l’enquête policière mène justement à une réflexion philosophique sur la nature même de l’existence. Tout cela dans le contexte d’une anticipation sur le thème archi-classique (de Frankenstein à A.I.) du désir qu’éprouve l’homme d’utiliser la science et la technologie pour se reproduire (et, accessoirement, devenir immortel).
Batou, le héros de Ghost in the Shell 2: Innocence, est un cyborg qui travaille comme détective pour une escouade antiterroriste. On le charge d’enquêter sur une série de meurtres bizarres perpétrés par des "gynoïdes", des robots d’apparence féminine conçus pour servir d’esclaves sexuels. Après moult péripéties, dont une descente sanglante dans le repaire de yakuzas soupçonnés de tremper dans l’affaire, Bartou et son partenaire vont découvrir le troublant secret des "gynoïdes" dans un mystérieux paquebot servant de laboratoire.
Entre-temps, le héros aura eu le temps d’abreuver son partenaire (et, du coup, le spectateur) de maintes réflexions poético-philosophiques sur la conscience et le sens de la vie, citant Confucius et Descartes à tout moment. Pour compliquer les choses davantage, les personnages sont branchés en permanence sur le cyberspace, ce qui autorise l’auteur à glisser progressivement de la réalité au virtuel dans un ballet de séquences où le réel et le faux se confondent.
Déjà sollicité par les sous-titres, le spectateur travaille fort pour démêler ce joyeux délire. Évidemment, il y a toujours la possibilité de s’abandonner au flot des images et prendre l’ensemble comme une envoûtante rêverie surréaliste dont le sens serait secondaire. Et là, impossible de ne pas être renversé par la beauté visuelle de l’ensemble, tourné avec un mélange harmonieux de dessins animés traditionnels et d’animation numérique. Techniquement, Innocence est stupéfiant. Esthétiquement, c’est un ravissement. Suffisamment pour nous donner envie de le revoir. Et, au deuxième essai, qui sait, l’intrigue nous semblera peut-être moins confuse…
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