Cinémania : Perfect Ten
Cinéma

Cinémania : Perfect Ten

Depuis 10 ans, Cinémania, festival de films français [subtitled in English], permet de faire découvrir aux anglophones la culture cinématographique française, tout en faisant la promotion d’œuvres indépendantes.

Fidèle à son habitude, Cinémania propose une vingtaine de longs métrages français regroupant des valeurs sûres, des primeurs et des premières œuvres. C’est notamment le cas pour le film d’ouverture Tout le plaisir est pour moi, légère comédie de mœurs de la jeune réalisatrice Isabelle Broué, où Marie Gillain s’éclate dans la peau d’une jeune femme libérée. Au moment de présenter son petit ami à ses parents, Louise n’arrive plus à prendre son pied au lit; s’ensuit une rupture et bien des questions sur l’identité sexuelle. Du côté des nouveaux venus, mentionnons également Clara et moi d’Arnaud Viard, avec Julien Boisselier et Julie Gayet en jeune couple devant affronter une épreuve propre à leur génération, et Le Cadeau d’Elena de Frédéric Grazini, drame familial campé en Corse.

Chez les vétérans, Manuel Poirier (Western) collabore de nouveau avec Sergi Lopez, très émouvant dans Chemins de traverse. Mort d’un commis voyageur à la française, ce drame prenant met en scène un père et son fils adolescent (remarquable Kevin Miranda) qui longent les côtes de la France à la recherche d’une meilleure existence. L’errance est aussi au cœur d’À tout de suite de Benoît Jacquot dans lequel une jeune femme (Isild Le Besco) plaque tout pour suivre son nouvel amant, un jeune cambrioleur. Tourné en noir et blanc, ce film du réalisateur de L’École de la chair rappelle par moments la belle époque de la Nouvelle Vague.

En plus des premières mondiales et canadiennes, Cinémania offre la chance de revoir quelques films sortis au cours de l’année sur nos écrans. Ainsi, nous retrouvons Emmanuelle Béart dans le très beau film d’André Téchiné, Les Égarés, où elle incarne une mère de famille durant la Seconde Guerre mondiale, et donnant la réplique à Fanny Ardant dans Nathalie… d’Anne Fontaine, drame de mœurs d’une élégance glaciale. Dans un registre plus mélo, Jacques Villeret joue un père de famille incompris par son fils dans Effroyables jardins de Jean Becker, où il partage la vedette avec André Dussolier, Thierry Lhermitte et Benoît Magimel.

Réalisateur des comédies françaises parmi les plus populaires, Claude Zidi sera honoré en raison de sa "contribution exceptionnelle au septième art"; pour l’occasion, Cinémania présentera Ripoux 3 avec Thierry Lhermitte et Philippe Noiret, toujours aussi suaves en flics pourris, ainsi que Lorant Deutsch, qui tente difficilement de faire sa place aux côtés de ces messieurs. Aura-t-il plus de chance dans Les Amateurs de Martin Valente où il affronte Pascal Légitimus et François Berléand?

Enfin, certains films piquent notre curiosité, tel Tristan de Philippe Harel (La Femme défendue), une intrigue policière sans meurtre ni coupable où une détective casse-couilles (Mathilde Seigner) se retrouve aux prises avec un séducteur en série (Jean-Louis Local). Hormis une distribution prestigieuse, dont Philippe Torreton dans le rôle de Napoléon, Richard E. Grant et Elsa Zylberstein, que nous réserve le Monsieur N. d’Antoine de Caunes? Le réalisateur des Morsures de l’aube aura-t-il plus de flair pour le drame historique que le drame d’horreur? La rencontre d’Elsa Zylberstein et de Thierry Lhermitte dans Qui perd gagne de Laurent Bénégui sera-t-elle aussi savoureuse que celle de Huppert et Serrault il y a quelques années dans Rien ne va plus? À découvrir du 4 au 14 novembre, au Musée des beaux-arts de Montréal… www.cinemaniafilmfestival.com

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INDÉPENDANT ET FIER DE L’ÊTRE!

Entretien avec Maidy Teitelbaum, fondatrice et directrice de Cinémania

Comment avez-vous eu l’idée de créer un tel événement?

Il y a environ une quinzaine d’années, j’étais en vacances en Floride où j’ai découvert qu’il y avait un festival de films français avec sous-titres anglais à Sarasotta. Je suis tombée amoureuse de ce festival, qui n’existe plus aujourd’hui, tant je trouvais l’idée formidable de faire découvrir la culture française aux anglophones. J’y suis retournée à quelques reprises, puis un jour je me suis demandé comment je pourrais rendre possible ce genre de festival à Montréal.

Quel a été le plus grand apport de Cinémania à la culture francophone?

Au départ, Cinémania avait pour mission de faire découvrir les cultures française et québécoise aux anglophones d’ici; à ma grande surprise, je me suis rendu compte qu’au fil des ans, de plus en plus de francophones fréquentaient le festival. Aujourd’hui, les spectateurs francophones constituent la moitié de notre public. Grâce à Cinémania, les films québécois sont maintenant sous-titrés en anglais; c’est d’ailleurs pour cette raison que nous ne pouvons plus en présenter.

Avez-vous eu de la difficulté à mettre sur pied Cinémania?

Disons que dans les premières années, les gouvernements ne voyaient pas ce festival d’un très bon œil; aujourd’hui, je ne sais pas s’ils comprennent réellement ma démarche, mais je peux compter sur leur soutien!

Quelle est votre plus grande fierté?

Cinémania n’est pas un festival comme les autres, car c’est un festival qui s’adresse au public et non aux distributeurs. Chaque année, nous avons le plaisir de présenter plusieurs primeurs et œuvres originales, très souvent des premières œuvres; aussi, nous nous faisons un devoir de présenter des œuvres indépendantes, lesquelles sont parfois négligées par les distributeurs.

Comment est perçu Cinémania en France?

Le festival y a très bonne réputation en raison du choix des films, de l’ambiance conviviale qui y règne et de l’accueil du public québécois. En 1999, Patrice Leconte, lauréat du Prix du public, ne tarissait pas d’éloges à notre endroit. Lorsque Emmanuelle Béart est venue présenter Les Destinées sentimentales d’Olivier Assayas, elle a refusé notre invitation à dîner tant elle se sentait bien dans la salle avec le public.

Que souhaitez-vous pour Cinémania?

De continuer à faire découvrir de nouveaux réalisateurs, de préserver la qualité de notre programmation et, surtout, de faire en sorte que les anglophones, les francophones et les allophones continuent de célébrer ensemble leur amour du cinéma.