Japanese Story : Soleil levant dans le désert
Japanese Story, de Sue Brooks: un film imparfait reposant sur une actrice aussi solide que le roc.
Sandy (Toni Colette) est géologue et vit en Australie. Exceptionnellement et bien malgré elle, elle se voit confier la tâche ingrate de servir de chauffeur à Hiromitsu (Gotaro Tsunashima), un Japonais en voyage d’affaires. Elle le trouve tout de suite princier, antipathique et incompréhensible; il la trouve têtue, caractérielle et tout aussi incompréhensible. Alors qu’il la convainc de continuer plus avant leur visite du désert sur une route cahoteuse, leur jeep s’enfonce dans des sols sablonneux. Cette mésaventure va rapprocher ces deux êtres que tout oppose, jusqu’à leur genre: elle fait plutôt garçonne, alors que lui possède la délicatesse d’une femme. Cette jolie romance naissante sera frappée par un événement inattendu… et, malheureusement pour le récit, de trop.
Réalisé par l’Australienne Sue Brooks (Road to Nhill), Japanese Story, bien que comportant des qualités indéniables, n’est pas complètement réussi. Le scénario est d’abord assez mince pour un film de cette longueur et le développement des personnages présente quelques clichés et défauts, dont le plus flagrant est sans doute la soudaine maîtrise de l’anglais d’Hiromitsu. Mais la beauté des images surexposées d’Ian Baker (Six Degrees of Separation, The Russia House), la simplicité émouvante de l’intimité entre les deux personnages et surtout la force du jeu de Toni Colette valent une projection en salle. Révélée dans Muriel’s Wedding, l’actrice a ensuite collectionné les grands titres (The Sixth Sense, The Hours, Shaft, 8 1/2 Women), mais toujours dans des rôles secondaires. Peut-être ne convient-elle pas aux canons de beauté actuels? Quoi qu’il en soit, ici, enfin, nous retrouvons avec bonheur toute la richesse de son talent. La dernière partie du film nous agace et nous titille trop la corde sensible, mais elle permet à Colette d’élargir son spectre quasi infini d’émotions. Si le mélo de la fin nous arrache une larme, c’est uniquement grâce à cette actrice sensible et atypique.
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