Voyage au pays imaginaire : Jeux d’enfants
Dans Voyage au pays de l’imaginaire de Marc Forster, Johnny Depp trouve un rôle lui convenant parfaitement, celui d’un homme-enfant.
Au tournant du 19e siècle, le dramaturge écossais J.M. Barrie (Johnny Depp) fait la connaissance d’une charmante veuve, Sylvia Llewelyn Davies (Kate Winslet), mère de quatre garçons. Au grand dam de sa femme Mary (Radha Mitchell), l’homme de théâtre devient le compagnon de jeux privilégié des jeunes gamins, sous le regard bienveillant de leur mère et l’air scandalisé de leur aristocratique grand-mère (Julie Christie). Afin d’égayer l’existence de ses petits camarades, Barrie inventera pour eux des aventures où évoluent pirates, fées et crocodiles. En 1904, grâce à la confiance d’un producteur américain, Charles Frohman (Dustin Hoffman), Barrie bouleverse le monde du théâtre londonien en transposant ses récits dans une pièce qui connaîtra un succès immédiat et marquera des générations: Peter Pan.
À des lieues de l’univers sombre de Monster’s Ball, dernière réalisation de Marc Forster, Voyage au pays de l’imaginaire illustre avec une élégance bien édouardienne, un charme bucolique et une fantaisie relativement sage, compte tenu de l’excentricité du personnage central, la création d’une œuvre. Évoquant subtilement les haussements de sourcils d’une société collet monté face à un homme préférant la compagnie des enfants à celle des adultes – comment ne pas penser aux déboires de Michael Jackson avec la justice? -, le scénario de David Magee, adapté de la pièce The Man Who Was Peter Pan d’Allan Knee, s’intéresse davantage aux menus détails ayant mené à l’élaboration du personnage de Peter Pan qu’au cheminement intellectuel de l’auteur.
De fait, Voyage au pays de l’imaginaire se déroule à la façon d’un mélo familial ponctué de moments amusants où Barrie et ses protégés se réfugient dans un monde imaginaire. Plus occupé à jouer qu’à écrire, Barrie verra apparaître çà et là des éléments qui lui inspireront des personnages ou des répliques de Peter Pan. Ces scènes, bien que charmantes, n’apportent guère d’explications sur l’amour et la fascination qu’entretenait l’auteur pour les enfants. En revanche, on trouvera plus d’intérêt à voir la mise en chantier de la pièce afin d’y découvrir les effets spéciaux du théâtre de l’époque et les préjugés face au nouveau genre que proposait Barrie, jusque-là dramaturge satirique. Sans oublier une distribution impeccable et de réels moments d’émotion.
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