Stander : Robin des lois
Avec Stander, la réalisatrice Brownen Hugues relate la vie d’Andre Stander, un Robin des Bois moderne qui a marqué l’imaginaire des habitants de Johannesburg.
Inspiré d’un fait réel s’étant déroulé dans la deuxième moitié des années 70, Stander raconte l’histoire peu ordinaire d’Andre Stander, un jeune et prometteur capitaine des forces policières de Johannesburg, en Afrique du Sud, qui, après avoir été témoin, lors d’une émeute, de l’assassinat d’un manifestant noir par un de ses collègues, prend la décision de désobéir à l’éthique constabulaire, jusqu’à s’improviser braqueur de banques. Rapidement, Andre Stander devient aux yeux du public une légende de la désobéissance civile et de l’audace criminelle. Peu de temps après avoir été emprisonné, il s’évade en compagnie de deux complices qui lui assureront, grâce à une série de vols spectaculaires, la célébrité qu’on lui reconnaîtra par la suite.
Brownen Hugues (Forces on Nature, Harriet the Spy) relate la vie de cet homme qui a marqué, dans une certaine mesure, l’imaginaire des habitants de Johannesburg. Dans le rôle de Stander, Tom Janes (The Punisher, Dreamcatcher) réussit au départ, et de façon fort louable, à nous faire croire à la désillusion qui hante son personnage face à la situation sociale qui prévaut à ce moment dans l’Afrique de l’apartheid. Mais très vite, c’est l’acteur qui semble de plus en plus désenchanté de son personnage tant ce dernier accumule les braquages sans réelle passion. De la mise en scène au montage, tout apparaît si clinique et calculé que même le prétexte esthétique, très kitsch, de la réalisatrice confine au maniérisme le style résolument pop du film. On pense évidemment à Tarantino, mais il est à se demander si le sujet, réel et politique, se prête bien à la forme ludique et éclatée du réalisateur états-unien.
Hormis cette réserve, Stander demeure un road movie efficace et haletant dans lequel on se laisse aisément entraîner et par lequel on consent sans réserve à se laisser séduire. Pimenté d’une musique à la mode et, surtout, caractérisé par une direction artistique fidèle à l’esthétique d’un Starsky & Hutch, le film de Hugues rappelle le célèbre vidéo-clip Sabotage des Beastie Boys, moustaches et verres fumés inclus. Mais au-delà de ce réel plaisir cinématographique, il n’en demeure pas moins une question: que devient l’épineux problème de l’apartheid que l’introduction du film nous présente pourtant comme la toile de fond de l’histoire? Sans l’ombre d’un doute, l’épique cavale de la bande à Stander aura amusé davantage la réalisatrice que le drame quotidien des Noirs sud-africains l’aura bouleversée.
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