Closer / Intime : Adultère (mode d’emploi)
Closer de Mike Nichols s’intéresse aux histoires d’amour entre quatre adultes consentants. Cynique et cru à souhait.
Closer
de Mike Nichols s’ouvre sur des images au ralenti que l’on a mille fois vues dans des bluettes à l’eau de rose. Par une journée ensoleillée, une jolie jeune fille marche au milieu des passants; en contre-champ, un séduisant trentenaire s’avance à sa rencontre. Aïe! Le réalisateur du féroce Who’s Afraid of Virginia Woolf serait-il tombé sur la tête? Rassurez-vous, avant même que l’homme éructe à la divine créature une ligne banale pour l’inviter à prendre un café, celle-ci est renversée par une automobile. Comme coup de foudre, on peut difficilement trouver plus percutant. Et pourtant, ce premier choc nous apparaîtra bien ordinaire après avoir entendu les répliques d’une franchise cinglante – allant parfois très loin tant dans les questions que les réponses à propos de leurs incartades sexuelles – que les protagonistes prendront un malsain plaisir à se balancer à la figure. Plaisir que nous partagerons, évidemment… à moins d’être un romantique incurable qui croit encore qu’amour rime avec toujours.
La victime de l’accident, c’est Alice (Natalie Portman), strip-teaseuse américaine résidant à Londres; lui, c’est Dan (Jude Law), rédacteur de rubriques nécrologiques et aspirant romancier. Ellipse de quelques mois. À la veille de publier son premier roman, Dan rencontre la photographe Anna (Julia Roberts). Coup de foudre instantané et baiser passionné. Cependant, la belle résiste parce que Dan est toujours amoureux de sa muse Alice, qui vient de surprendre l’écart de conduite de son homme. Afin de se venger d’Anna, Dan emprunte son nom et correspond avec Larry (Clive Owen, qui a interprété le rôle de Dan en 1997, lors de la création de la pièce du même nom de Patrick Marber, qui signe le scénario), dermatologue carburant à la porno, sur un site de rencontres, provoquant ainsi une rencontre entre la photographe et le médecin. Quelques mois plus tard, Larry fait la connaissance d’Alice qui accompagne Dan au vernissage de l’exposition d’Anna. Y a de l’amour, ou plutôt, de la tension sexuelle dans l’air…
À l’instar de We Don’t Live Here Anymore de John Curran, d’après les nouvelles d’André DuBus, Closer illustre avec intelligence, humour et un pessimisme certain qu’amour et désir ne vont pas nécessairement de pair. Alors que les couples de DuBus tentaient de sauver les meubles en raison des enfants, ceux de Marber, sans famille, ne pensent qu’à leur nombril et à assouvir leurs désirs. Mais l’amour physique est sans issue, comme le chantait Gainsbourg. De fait, une fois rassasiés, et souvent déçus, les amants prodigues reviennent vers l’être aimé, qui leur fait goûter leur propre médecine. Se concentrant sur le début et la fin des relations des quatre protagonistes, afin d’éviter de dépeindre les banalités quotidiennes, Closer s’avère un chassé-croisé tordu où l’on reconnaît, non sans une pointe d’amertume, les artifices de la séduction et les désillusions de l’amour. Défendant des personnages peu sympathiques, Law et Owen se révèlent égaux à eux-mêmes, alors que Portman et Roberts donnent l’impression de se réinventer.
En salle dès la semaine prochaine