Zelary : Le village
Cinéma

Zelary : Le village

Zelary, d’Ondrej Trojan, raconte l’histoire d’une jeune résistante tchèque qui devra vivre dans un village montagnard afin de fuir la Gestapo. D’après un fait vécu.

On a peu souvent l’occasion de voir des films tchèques sur nos écrans; et lorsque certains d’entre eux se pointent, on a parfois l’impression qu’ils émergent d’une autre époque. Ainsi, il y a trois ans, Divided We Fall de Jan Hrebejk relatait sur un ton tragicomique les tribulations d’un couple vivant dans un petit village tchèque durant la Seconde Guerre mondiale et qui se voyait contraint d’héberger un jeune homme juif. L’exercice était sympathique malgré ses airs de déjà-vu. Dans un registre plus sombre et plus naturaliste, Ondrej Trojan, producteur des films de Hrebejk, s’intéresse lui aussi à l’identité en retraçant le parcours d’Eliska (excellente Anna Geislerová), infirmière et membre de la résistance aux côtés de son amant médecin.

Afin d’échapper à la Gestapo, la jeune citadine fuit vers Zelary, village montagnard aux mœurs ancestrales, avec Joza (le Hongrois György Cserhalmi, solide et attachant), un paysan dont elle a sauvé la vie en lui donnant de son sang. Privée de nouvelles de son amant et victime des ragots des villageois, Eliska n’a pas d’autre choix que d’épouser Joza afin de faire taire les rumeurs sur sa véritable identité. Commence alors le dur apprentissage de la vie rurale.

À l’instar de Divided We Fall, Zelary possède son lot de personnages pittoresques incarnés par des acteurs aux bouilles bien typées et au jeu quelque peu appuyé, de répliques à l’humour doux-amer… et de rebondissements prévisibles. À côté des paysannes brunes et costaudes, la citadine frêle et blonde fera craquer les villageois au sang bouillant. Pourtant, elle réussira à gagner le respect et l’affection de tous grâce à sa bonté et ses talents pour la médecine. Au-delà du récit sans surprise, on remarquera le soin apporté à la photographie qui met en valeur la beauté rustre des lieux. On tentera d’oublier la trame sonore un peu trop insistante afin de se laisser emporter par le rythme lent qui épouse parfaitement le défilement des saisons et le mode de vie paisible dans ce village où le temps s’est arrêté. Plus encore, on saluera la pudeur avec laquelle Trojan illustre l’absurdité et la cruauté de la guerre.

Voir calendrier Cinéma