She Hate Me : L'étalon noir
Cinéma

She Hate Me : L’étalon noir

She Hate Me, de Spike Lee, met en scène un jeune cadre afro-américain qui devient géniteur afin d’assurer sa subsistance.

Quelle étrange expérience cinématographique que le dernier film de Spike Lee… Pas que ce soit mauvais en soi, mais on se demande bien quelle mouche a piqué celui qui nous avait séduit la dernière fois avec le mélancolique et soigné 25th Hour, campé dans le New York de l’après 11 septembre. Alors que l’ensemble s’annonce comme une satire de la débandade des grandes entreprises, d’Enron à Martha Stewart Inc., She Hate Me se transforme en une longue étude de mœurs un tantinet racoleuse, ponctuée de clins d’œil au scandale du Watergate.

Après avoir dénoncé les travers de l’entreprise biotechnologique qui l’employait, Jack Armstrong (Anthony Mackie) se retrouve sans travail. Entre en scène son ex-petite amie Fatima (Kerry Wahsington), femme d’affaires à succès et nouvellement lesbienne, qui demande à l’ancien cadre de devenir le père biologique de son enfant et de celui de sa copine pour la somme de 10 000 $ par poupon. Désireux de continuer à vivre aisément, Jack n’a d’autre choix que d’accepter. L’homme est si bon à la tâche que bientôt une horde de lesbiennes en manque de bébé, qui ressemblent davantage à des prostituées de seconde zone et à des rappeuses enragées plutôt qu’à de distinguées femmes de carrière, sonneront à sa porte. Un emploi tout aussi lucratif qu’épuisant malgré ses nombreux avantages.

En plus d’employer une pléiade d’acteurs internationaux, de l’Allemand David Bennent (enfant prodige du Tambour de Schlöndorff) à l’Italienne Monica Bellucci et au Français Jamel Debbouze, que l’on se désole de voir sous-exploités, Lee gaspille le talent d’Ellen Barkin et de Woody Harrelson, dont les personnages de salauds distingués promettaient beaucoup. Pis encore, il réduit son acteur principal à jouer les hommes-objets dans une suite de scènes qui se veulent sulfureuses et dont l’aboutissement se résume en une animation aussi navrante que celles pullulant dans l’affligeant documentaire What the Bleep Do We Know. Et à voir toutes ces bandes de femelles en chaleur aux trousses du Starbuck d’ébène, c’est à se demander si le désir de maternité n’est pas dû à une maladie mentale ou à un dérèglement hormonal… Bref, le cinéaste s’amuse et nous, notre patience s’use…

Voir calendrier Cinéma