J'en perds mon latin : De mère en fille
Cinéma

J’en perds mon latin : De mère en fille

Après le succès de As Good as It Gets, James L. Brooks tente cette fois-ci avec J’en perds mon latin d’émouvoir la fibre maternelle de son public.

Il peut parfois sembler facile pour une Mexicaine d’entrer aux États-Unis d’Amérique. Peut-être suffit-il seulement d’être une jolie brunette accompagnée d’une non moins jolie petite fille bilingue qui fera craquer les fadasses blondinettes dépressives de la Californie. Mais il semble encore plus facile pour elle, une fois passée la frontière, de trouver un job bien rémunéré dans une richissime famille états-unienne, même si celle-ci réussit de peine et de misère à vivre son confort et son insouciance pécuniaire. Bienvenue dans la vie rêvée de James L. Brooks.

Il était une fois une jeune mère mexicaine, Flor (Paz Vega), et sa fille, Christina (Aimee Garcia), qui ne rêvaient que d’une chose: l’Amérique. Leur rêve est si intense qu’elles en oublieront même, après dix minutes, l’existence du Mexique. L’assimilation fonctionne mieux ici que ne le souhaiterait tout fonctionnaire à l’immigration. Arrivées en Californie, Flor trouve, en moins de temps qu’il n’en faut à un Arabe pour être expulsé du pays de l’oncle Sam, un boulot de ménagère au sein d’une riche famille dont le père (Adam Sandler) est, Dieu que c’est touchant, le chef cuisinier le mieux coté des États-Unis d’Amérique. Mieux payé que quiconque aura un jours osé passer la frontière, Flor n’en a pas moins de très graves soucis maternels. C’est que sa fille est séduite par la liberté et le mode de vie de cette gentille famille d’accueil où même une mère dépressive, une grand-mère alcoolique et une enfant obèse ne parviennent pas à faire oublier l’accessibilité du rêve américain. Flor a peur que sa fille, séduite par cette soudaine accessibilité, ne s’éloigne d’elle et ne tente de réussir sa vie qu’en opposition à une image de la pauvre mère mexicaine à laquelle elle ne souhaite pas ressembler.

Si les États-Unis d’Amérique n’existaient pas, il faudrait les inventer! Grâce à ce merveilleux coin de plage, une mère et sa fille apprennent finalement à s’accepter telles qu’elles sont ou telles qu’elles souhaitent être et demeurer. Et soupçonnons l’air cabotin d’Adam Sandler d’y être pour quelque chose. Certes, le message qu’énonce J’en perds mon latin est un message auquel toute mère et toute fille de milieu défavorisé seront sensibles. Mais a-t-on réellement besoin de mettre en scène la vie bourgeoise d’une famille états-unienne pour nous le faire comprendre? Qu’est-ce c’est que cette malheureuse habitude de vouloir nous faire comprendre par les yeux du maître que l’esclave a droit à sa dignité?

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