Ma vie en cinémascope : Tico-tico!
Ma vie en cinémascope, de Denise Filiatrault, met en vedette une Pascale Bussières telle qu’on ne l’a jamais vue.
Alys Robi
et Pascale Bussières ne viennent pas de la même planète: la première est une flamboyante chanteuse de cabaret; la seconde, une prude actrice de cinéma d’auteur. Pourtant, sous la gouverne de la scénariste-réalisatrice Denise Filiatrault – une main de fer dans un gant de crin, si l’on se fie au révélateur et troublant making of -, Bussières endosse avec aisance la peau de la mythique artiste, à la fois éblouissante en robe fourreau et bouleversante en camisole de force. Et comme si ce n’était pas assez, la demoiselle possède une chaude et jolie voix.
Grande admiratrice devant l’Éternel d’Alys Robi, Denise Filiatrault rêvait depuis longtemps de raconter la vie de celle qui lui a donné l’envie d’être artiste. N’ayant pu réaliser la télé-série de François Labonté (avec Joëlle Morin et la voix d’Isabelle Boulay) qu’elle avait elle-même écrite, Filiatrault se paye enfin la traite et signe Ma vie en cinémascope, de loin son film le plus réussi. Toutefois, ceux qui ont vu la télé-série auront l’étrange impression de revoir les moments marquants de celle-ci sur grand écran. Assez surprenant quand on pense que la bouillante cinéaste a eu près d’une dizaine d’années pour peaufiner son scénario…
Évoquant en une suite de flash-back et de chansons la vie tragique et la carrière fabuleuse d’Alys Robi, petite fille du quartier Saint-Sauveur de Québec, Ma vie en cinémascope n’a pas la prétention de raconter la vérité – d’ailleurs, celle-ci n’est pas la tasse de thé de Lady Robi! Au contraire, la Filiatrault, qui a elle-même fait la dure école du cabaret, a volontairement embelli cet univers clinquant qui connut ses heures de gloire dans le Québec de la Grande Noirceur. En plus de découvrir le répertoire d’Alys Robi, le jeune spectateur fait ainsi connaissance avec les figures marquantes de l’époque, telles La Poune et Juliette Pétrie (chapeau à Nathalie Mallette et à Chantal Baril), de même qu’Olivier Guimond (très en forme Serge Postigo), le premier grand amour de la diva. En somme, un film à l’image de sa réalisatrice: haut en couleur, parfois excessif, parfois léger, mais toujours sincère.
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