Mariages! : Ça ne change pas le monde, sauf que…
Mariages! est une comédie grinçante qui nous emporte au pays des unions, là où tout semble rose, mais est loin de l’être. Entretien avec la réalisatrice Valérie Guignabodet.
Johanna (Chloé Lambert) et Benjamin (Alexis Loret) se marient aujourd’hui. L’église, la robe blanche, la magnifique maison de campagne, les fleurs, le champagne, le D.J.: la totale, quoi! Alors que les tourtereaux se jurent amour et fidélité pour le meilleur et pour le pire, Alex (Jean Dujardin, le "gars" dans la version française d’Un gars, une fille), le grand ami du nouveau marié, traverse des moments difficiles avec Valentine (mordante Mathilde Seigner). Cette dernière le trompe depuis six mois avec Hugo (Antoine Duléry), le mari de Micky (touchante Lio), qui est la sœur de Gabrielle (savoureuse Miou-Miou), la mère de la mariée. Vous me suivez? Vous avez intérêt, car vont aussi débarquer l’ex-mari de Gabrielle accompagné d’une cantatrice russe, les parents coincés de Benjamin, dont la mère est merveilleusement interprétée par Catherine Allégret, ainsi que toute une kyrielle de personnages colorés.
Bien que l’on soit parfois agacé par certaines maladresses (un père et une mère se remémorent le bon vieux temps alors qu’ils recherchent dans les bois leur fille en crise disparue avec un rasoir!), on s’y amuse aussi beaucoup, en grande partie grâce à un casting impressionnant. Les dialogues sont cinglants et l’institution du mariage en prend pour son rhume. Heureusement, à travers ces vérités douloureuses sur le couple d’aujourd’hui (l’infidélité, la lassitude, le mensonge, la manipulation, la colère…), soulignées ici de façon tragicomique, il y a aussi matière à réflexion et, finalement, à un peu d’espoir…
Mariages! est le deuxième film de Valérie Guignabodet, qui traitait aussi de la vie à deux dans son premier long métrage, Monique. Jointe au téléphone à Paris, la réalisatrice explique cette fascination pour le couple: "En France, la situation est catastrophique. Un tiers des couples divorce, la moitié à Paris. Les chiffres sont désespérants, mais en même temps, on ne s’est jamais autant marié. Il y a cette envie de se retrouver dans la symbolique du mariage. C’est un paradoxe que je trouve très intéressant. Comme quoi ça reste très profondément ancré, cette envie de s’unir pour la vie devant les autres." Elle-même divorcée, elle en a tiré des leçons qu’elle met de l’avant dans son film: "On cherche souvent la solution dans l’autre, alors qu’il faut d’abord la trouver en soi-même, et ne pas se servir de l’autre pour régler ses propres problèmes. Ça ne fonctionne jamais puisque soit on n’arrive pas à les régler, et on lui en veut, soit on arrive à les régler et l’on n’a plus besoin de lui! On a souvent tendance à l’oublier…"
Pour ce qui est du tournage, "ce fut un bonheur!" assure Guignabodet. "C’était risqué de faire un film comme ça avec autant de personnages qui devaient se partager la vedette, et de réunir autant de comédiennes aux personnalités très fortes, chacune dans leur genre: Mathilde, Lio, Miou-Miou… C’est vrai que ça aurait pu créer un malaise, mais au contraire, ce fut formidable!" Malgré ses petits défauts, Mariages! transpire ce plaisir qui devient vite contagieux.
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