Coach Carter : Match nul
Cinéma

Coach Carter : Match nul

Coach Carter, drame sportif dérivé d’une histoire vécue, déploie sa charge morale avec la grâce d’un haltérophile manchot. Compte rendu d’un film bien intentionné, mais hyper-conventionnel.

Hollywood entretient avec les enfants de la balle et du ballon un rapport purement utilitaire. Pour faire tourner l’usine à rêves, il faut des récits édifiants et le merveilleux monde du sport en déborde. Ceci expliquant cela, on ne s’étonne plus de se faire raconter, de loin en loin, les exploits d’un jockey daltonien, d’un coureur souffrant de constipation ou encore d’une équipe de basketteurs cancres qui trouve le chemin de la bibliothèque.

Le dernier cas d’espèce constitue grosso modo la trame de Coach Carter, drame sportif de facture classique et pétri de bonnes intentions. La réalisation, commise par un journalier du nom de Thomas Carter, met en scène un entraîneur idéaliste et consciencieux qui s’évertue à conduire une équipe de basket médiocre en tout point jusqu’au top. Comme ça, vite-vite, on dirait un croisement entre une fable de La Fontaine et le bulletin des sports de RDS…

Convaincu que l’équation sport-études implique un équilibre parfait, l’entraîneur Carter (Samuel L. Jackson, efficace) insiste pour que ses boys réussissent en classe aussi bien que sur le terrain. Il va jusqu’à leur faire signer un contrat de performance très strict démontrant son sérieux. Et quand les bulletins ne se montrent pas à la hauteur, Carter impose un "lock-out" aux joueurs. Si les parents et la direction réagissent mal, les p’tits gars, eux, comprenant ce qui est bon pour eux, finissent par honorer leur engagement.

Si la plate-forme morale de Coach Carter est parfaitement défendable (personne n’est contre la vertu), on trouvera cependant son illustration un peu courte. La structure même du film sportif, qui doit ménager de l’espace pour l’action pure, pousse malheureusement à arrondir les angles. Pas le temps de trop s’"introspecter", il y a des matchs à jouer (assez mal rendus, au moyen d’effets ralentis amateurs) et un dénouement en forme de suspense à déballer (avec chrono décroissant qu’on égrène jusqu’à la dernière seconde).

Sur le même terrain, on a déjà vu trame similaire beaucoup mieux jouée (Hoosiers, avec Gene Hackman) ou documentée (Hoop Dreams). Or, Coach Carter bénéficie quand même d’un humour discret et d’une trame sonore dans la note. Match nul, donc.

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