Bobby Darin : Où sont passées nos idoles?
Cinéma

Bobby Darin : Où sont passées nos idoles?

Bobby Darin, deuxième réalisation de Kevin Spacey, se lit comme le poème d’amour du comédien d’American Beauty à une idole de jeunesse, Bobby Darin. Intéressera assurément un public d’un certain âge.

Au tournant des années 60, Bobby Darin incarne brièvement l’American wet dream de toute adolescente états-unienne. Le jeune chanteur éclabousse alors les palmarès avec des chansonnettes comme Splish Splash et Dream Lover. Son ambition intime, surpasser Frank Sinatra, le poussera à enregistrer du matériel "adulte" et à entreprendre une carrière au cinéma. Une santé fragile vaudra malheureusement à Darin d’être rappelé auprès du bon Dieu avant d’atteindre la quarantaine.

Mais encore… Bien qu’intéressant, le parcours de Walden Robert Cassotto, p’tit gars du Bronx devenu prince pop d’Amérique, n’est pas extraordinaire. Qu’est-ce qui a bien pu pousser Kevin Spacey à en tirer une biographie romancée qu’il a lui-même réalisée, co-scénarisée et dont il tient le rôle principal? Inspiré par l’enfance difficile du chanteur, Spacey affirme avoir voulu faire découvrir son kick de jeunesse à une nouvelle génération.

Prenant ouvertement certaines libertés vis-à-vis des faits, l’auteur met l’accent sur certains épisodes de la vie de Darin pour glisser sur d’autres. Ainsi, on insiste beaucoup sur son mariage – avec la jeune "pop tarte" hollywoodienne Sandra Dee (Kate Bosworth) – et sur ses relations avec sa maman (le type a appris à 32 ans que celle qu’il croyait être sa mère était en fait sa grand-mère…). Les trois dernières années de sa vie, marquées par un retour en demi-teintes, paraissent enjolivées. Quoi qu’il en soit, le portrait du chanteur demeure éminemment favorable: garçon doué, ambitieux et idéaliste, Bobby Darin incarne une authentique American Idol dont la seule faute aura été de porter une moumoute.

Plutôt que de suivre la structure linéaire trop souvent associée aux biographies, Spacey soigne sa mise en scène au moyen d’ellipses, de mises en abyme et de ruptures de ton. Ce parti pris nous vaut notamment quelques segments empruntés à la comédie musicale, lors desquels l’acteur-réalisateur prouve qu’il est aussi un danseur-chanteur plus que potable (c’est bien lui qui pousse toutes les chansonnettes, avec un aplomb indéniable). Enfin, son enthousiasme pour le sujet perce de bout en bout et, ultimement, parvient à toucher. Certains en pincent pour Alys Robi, d’autres pour Bobby Darin. À chacun ses idoles.

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