Wilbur : La mort, toujours la mort
Comédie noiraude, Wilbur glisse sur la question du suicide avec légèreté. Son impact, de ce fait, s’avère mineur.
Étrange. Ces derniers temps, l’actualité se prend à causer suicide abondamment. Ça nous vaut des manchettes de journaux poignantes, genre "un homme convoque les médias avant de s’enlever la vie", ou "le premier ministre Charest tente de s’administrer un hara-kiri politique"… Le cinéma, reflet de notre petit monde, prend le train en marche et nous propose depuis un moment deux œuvres fortes (Mar adentro, Million Dollar Baby) abordant le sujet (en mode assisté). Et voilà que, pour nous faire prendre conscience de la coïncidence, débarque Wilbur, petite comédie noiraude portant sur un pessimiste redoublant d’ardeur pour en finir.
Garçon pourtant mignon et doté d’un certain charme, ledit Wilbur (Jamie Sives) ne néglige aucune avenue pour s’arracher à cette vallée de larmes: le gaz, la pharmacie, le tiroir à cravates, le rasoir et la baignoire, tout y passe. Heureusement que son grand frère Harbour (Adrian Rawlins) veille au grain. C’est souvent lui qui le réveille in extremis pour l’amener dare-dare à l’hôpital.
De tempérament plus optimiste, l’aîné accepte ce que la vie lui offre. Harbour gère la modeste librairie familiale sans rien demander. Quand une cliente, Alice (Shirley Henderson), se met à lui rendre visite fréquemment, il commence à penser mariage. Ça serait toujours ça de pris.
À sa sortie de l’hosto, Wilbur est hébergé par les nouveaux mariés. Il semble mieux disposé. Mais soudain, coup du destin, l’harmonie est brisée: Harbour est atteint d’une grave maladie, et Wilbur et Alice s’éprennent l’un de l’autre.
Signé par la Danoise Lone Scherfig, adepte du Dogme et auteure d’Italian For Beginners, Wilbur a été tourné à Glasgow, en Écosse, lieu assez neutre qui se prête bien au propos. Jamais trop sombre ni trop brillant, le film joue ses drames, petits et grands, sans grand fracas.
De toute façon, la gravité du sujet est atténuée par un humour pince-sans-rire relativement efficace. Quelques personnages secondaires rigolos (le groupe de suicidaires que fréquente Wilbur, leur médecin impassible…) viennent briser la linéarité du récit.
Réalisation compétente, Wilbur constitue une œuvre mineure qui évite de trop appuyer. Ce détachement, paradoxalement, donne presque envie de tirer la "plogue" avant la fin. Mais le film s’éteindra finalement de lui-même, tout doucement.
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