Shake Hands With the Devil : Aller simple pour l'enfer
Cinéma

Shake Hands With the Devil : Aller simple pour l’enfer

Dans Shake Hands With the Devil, Peter Raymont suit le pèlerinage du lieutenant général Roméo Dallaire, qui retourne au Rwanda dix ans après le génocide. Un parcours riche en émotions.

Lors de la cérémonie du soixantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, Simone Weil, au nom des survivants, a demandé aux chefs d’État "que le "plus jamais ça" devienne réalité". C’est dans ce même esprit que Roméo Dallaire, qui a consacré 36 ans de sa vie aux Forces armées canadiennes avant sa retraite en 2000, publiait l’an dernier ses mémoires sur la guerre civile et le génocide au Rwanda où il a été commandant en chef de la Mission d’observation des Nations Unies Ouganda-Rwanda et de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda en 1993-1994.

S’inspirant librement du livre de l’ancien militaire, J’ai serré la main du diable: la faillite de l’humanité au Rwanda, Peter Raymont (Chasing the Dream) offre un documentaire qui prend la forme d’un requiem lyrique pour les 800 000 Tutsis assassinés, pour la plupart à coups de machette, par les Hutus en 100 jours. Un génocide des plus sanglants devant lequel la communauté internationale, pourtant alertée par Dallaire, ferma les yeux. Et pourtant, on avait dit "plus jamais ça" en découvrant les horreurs de la Seconde Guerre mondiale…

De retour au Rwanda, Dallaire, héros pour les uns, traître pour les autres, et sa femme visitent les lieux où s’est déroulé l’inimaginable. Marqué à jamais par l’odeur des milliers de corps gisant partout et la violence des Hutus enivrés par le pouvoir de tuer, Dallaire raconte en toute simplicité l’échec de sa mission, sa naïveté face à l’ampleur de la situation, son impuissance et, surtout, les ravages de la colonisation. Entrecoupés d’images-chocs du génocide, ses propos tour à tour ébranlent et scandalisent. Comment un homme peut-il en arriver à tuer si violemment son voisin? Pourquoi les gouvernements ont-ils montré tant d’indifférence face au Rwanda? Des questions qui resteront, bien sûr, sans réponse. Plus encore, qui font craindre le pire. Comment réagirons-nous lors d’une prochaine tragédie de la sorte? La seule chose qui réussisse à donner un peu d’espoir, c’est qu’il y aura toujours de grands humanistes comme Roméo Dallaire en ce bas monde.

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