Agents secrets : Double zéro sec
Cinéma

Agents secrets : Double zéro sec

Agents secrets se penche parcimonieusement sur la "vie ordinaire" des espions de haut vol. Pas assez d’action, trop de  réflexion…

Emploi atypique s’il en est un, la profession d’agent secret occupe, dans l’imaginaire cinématographique, un créneau façonné par le mythe. À travers 40 ans de "james-bondieuseries", on en est venu à considérer l’espion comme une espèce de semi-divinité. D’ailleurs, on se concentre toujours sur les "bouts excitants" de sa pratique, passant le plus souvent sous silence la réalité plus morne de son quotidien. Que fait donc l’espion pour tuer… le temps? Agents secrets, de Frédéric Schoendoerffer (Scènes de crimes), esquisse un début de réponse à la question en s’intéressant aux aléas d’une paire d’espions français de haut niveau.

Georges (Vincent Cassel) et Lisa (Monica Bellucci) sont envoyés au Maroc pour exécuter une mission de sabotage. Leur objectif: couler le navire d’un homme d’affaires russe qui alimente en armes les rebelles angolais. Arrivés sur place, Georges et Lisa sont rapidement abordés par un Américain représentant des services secrets rivaux. L’homme leur conseille de renoncer à leur plan, sinon… Or, Georges reçoit l’ordre de s’en tenir aux ordres. D’accord, chef… La mission est un succès. Georges, Lisa et leurs deux compagnons d’armes rentrent à la maison avec la satisfaction du devoir accompli. En passant les douanes, pourtant, Lisa est arrêtée après qu’on eut trouvé de l’héroïne dans ses bagages. Sentant le coup fourré, Georges file à l’anglaise et tente de faire la lumière sur cette affaire qui, c’est clair, pue le ripoux.

Quoique ponctué de quelques séquences d’action pure, Agents secrets préfère l’ordinaire à l’extraordinaire. Ainsi, l’accent est mis sur les motivations plutôt que sur les résultats (le piratage sur le bateau n’est que suggéré), et on va même jusqu’à servir un dénouement en forme de pétard mouillé. En lieu et place, on nous montre diverses scènes "creuses", censées évoquer les zones d’ombre de la p’tite vie – les double 0 ne vivent pas que d’amourettes et de martinis… L’argumentaire psychologique développé s’avère malheureusement un peu court: on glisse sur les scrupules moraux et les conditions de travail précaires, sur l’inévitable solitude de l’agent secret. Louable. Mais alors, il aurait peut-être fallu un autre casting, le couple Bellucci-Cassel ne révélant guère plus de chimie qu’un 7UP flat. Pshiiiiittt…

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