Constantine : Option rachat
Thriller surnaturel touffu, Constantine jongle avec le concept de rédemption tout en offrant à Keanu Reeves un aller-retour pour l’enfer. J’ai mon voyage…
Faisons-nous l’avocat de Satan: Constantine, il est vrai, pèche par sa propension à faire compliqué. Mais on préférera toujours un film "exigeant" – quoique défectueux – à n’importe quelle pochade sans ambition.
Tablant sur l’éternel combat opposant les forces du Bien à celles du Mal, le long métrage doit composer avec un scénario manichéen hérité d’un comic book (Hellblazer). On comprendra donc le réalisateur recrue Francis Lawrence d’avoir voulu nimber son œuvre d’une espèce de flou artistique assez dense.
Tentons de simplifier l’intrigue sans offenser ni Dieu ni diable… John Constantine (Keanu Reeves) possède une faculté bien particulière: il peut reconnaître les anges et les démons qui déambulent en ce bas monde. Plus jeune, ce don difficile à assumer l’a poussé au suicide. Mais Constantine (initiales J.C.!) a été ramené à la vie et met depuis sa vision au service du commun des mortels, espérant ainsi gagner un jour son ciel.
Une affaire mystérieuse l’amène à faire équipe avec la détective Angela Dobson (Rachel Weisz), qui tente d’élucider la mort de sa sœur jumelle. D’abord réticent, Constantine consent son aide lorsqu’il subodore que des forces plus puissantes que d’ordinaire sont à l’œuvre. Son pif ne lui a pas menti: le fils du diable lui-même se préparerait à débarquer à… Los Angeles!
D’accord, on schématise quelque peu. Et on ne vous raconte pas la finale, marquée par la visite de Lucifer (Peter Stormare), laquelle vaut au film un bon chapelet d’indulgences. Vous irez voir…
Mélangeant le fantastique et la science-fiction, Constantine provoque un tête-à-tête entre deux univers qui se révèlent compatibles (The Matrix rencontre The Exorcist…), mais dont la valeur ajoutée paraît modeste – ainsi, les prouesses techniques font clin d’œil plutôt qu’innovation…
Marqué par une habile rupture de ton, le dénouement appuie à fond sur la touche "humour noir" qui avait plutôt été effleurée jusque-là. Cette césure étonnante tient à la volonté de redonner une certaine légèreté au récit, alors qu’il menace de s’abîmer sous le poids de ses péripéties.
Cela dit, en renfilant notre costard d’avocat méphistophélique, on prendra la défense de ce Constantine qui, malgré ses fautes, mérite certainement notre pardon. Diablement intéressant.
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