The Assassination of Richard Nixon : Le cauchemar américain
S’inspirant d’un fait vécu, The Assassination of Richard Nixon entrevoit la faillite d’une nation à travers les yeux d’un idéaliste désabusé. Troublant.
En 1974, un quadragénaire turbide tente de détourner un avion sur la Maison-Blanche. Sa cible: nul autre que Richard Milhous Nixon, grand Mandrake de la nation états-unienne. Mal préparée, la tentative échoue et, noyée dans le brouhaha entourant le scandale du Watergate, sombre dans l’oubli. Trente ans plus tard, la chose n’occupe guère plus d’espace qu’une parenthèse dans le grand cahier de l’Histoire. Et pourtant, comme le démontre le cinéaste Niels Mueller, les actions désespérées de Samuel Bicke évoquent quelque chose de terriblement familier.
Enlisée jusqu’au cou au Vietnam, emberlificotée par un président fourbe, l’Amérique file un mauvais coton. Le rêve américain s’est transformé en cauchemar. Pour Samuel Bicke (Sean Penn), il est clair qu’"un cancer gruge le système et il faut que ça change". Mais chaque chose en son temps. Sam doit d’abord remettre de l’ordre dans sa propre vie. Avec un nouveau boulot, il lui sera possible de reconquérir son ex-femme (Naomi Watts) et ses trois enfants. Si la banque consent à lui prêter l’argent nécessaire, il pourra mettre sur pied le commerce qui les sortira de la dèche, son pote Bonny (Don Cheadle) et lui.
Malheureusement pour Sam, ça ne se passe pas exactement comme prévu. Par principe, il quitte son job de vendeur (le patron l’obligeait à mentir). L’emprunt qu’il a sollicité n’est pas approuvé. Son ex lui demande le divorce. C’est la débandade.
En proie à la paranoïa, notre garçon perd le nord. Obsédé par Nixon, qu’il finit par tenir responsable de tous ses maux, Sam conçoit un plan (farfelu) d’après un fait divers entrevu à la télé. Le président doit payer.
Étude caractérielle appuyée, The Assassination of Richard Nixon repose essentiellement sur la longue descente aux enfers de Samuel Bicke. À Sean Penn, donc, de porter le film. Plus convaincu que convaincant, le comédien livre son habituelle performance physique, toujours aussi intense, mais par trop autarcique. Présent dans chaque plan, Penn porte ombrage à ceux qui l’encadrent. Watts en souffre particulièrement, et on se prend à regretter la chimie développée par ces deux-là dans 21 Grams.
Au passage, Mueller casse quelques morceaux de sucre sur le dos de la télévision (qui inspire à Bicke la plupart de ses idées folles) et tire à boulets rouges sur le merveilleux monde de la vente au détail (David Mammet approuverait certainement). Mais la principale qualité de The Assassination of Richard Nixon tient plutôt à son pouvoir d’évocation, à sa façon de tracer des parallèles entre deux époques distantes de 30 ans mais aux prises avec des questions se faisant écho. "Tricky Dicky" et "Dubya", même combat.
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