Arthur Lamothe : L'homme de cour
Cinéma

Arthur Lamothe : L’homme de cour

Arthur Lamothe se repenche sur son cinéma à l’occasion d’une rétrospective que lui consacre la Cinémathèque québécoise.

Son intérêt pour les tribulations de la classe ouvrière ainsi que pour la question autochtone lui ont valu une réputation de cinéaste engagé. Arthur Lamothe rejette pourtant cette étiquette. "Je n’ai pas fait de cinéma engagé, répond-il. J’ai tourné des films qui me tenaient à cœur avec des gens que j’aimais. De nos jours, c’est la même chose. Engagé ou pas, le cinéaste fait des films qu’il aime, un point c’est tout."

Voilà. C’est dit. Homme de cœur, homme de passion, le cinéaste Arthur Lamothe ancre son art dans l’émotion. Quelque 40 ans de métier n’ont en rien entamé cet engagement (le mot, ici, est pertinent…). Et si c’était à refaire, le réalisateur né en Gascogne referait tout de la même manière. Enfin, presque. "J’aurais dû penser un peu plus à l’argent plutôt que d’y engloutir toutes mes ressources, avoue-t-il… N’empêche, comme le chantait Piaf, je ne regrette rien! J’étais très content de montrer mes points de vue. Et surtout de faire connaître aux Québécois la situation des autochtones du Québec."

La riche filmographie d’Arthur Lamothe se partage entre courts, longs et moyens métrages. Certains accouchés dans le documentaire, d’autres nés dans la fiction. Le premier mode semble généralement mieux lui réussir. "Dans les années 60, confie le cinéaste, on a descendu en flèche certains de mes films de fiction, disant que je manquais d’imagination, et les dialogues, de psychologie! Ça me fait bien rire quand je vois certains films actuellement sur les écrans…"

Le cycle préparé par la Cinémathèque échantillonne le parcours d’Arthur Lamothe en 14 œuvres, des premiers essais conçus au début des années 60 jusqu’aux longs métrages tournés au milieu des années 90. "J’aurais aimé qu’on y présente plus de films, mais il y avait des contraintes de temps. Il faudrait une deuxième rétrospective!" conclut-il.

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Arthur Lamothe réfléchit sur trois des films programmés…

Le Silence des fusils (1996)

Fiction oscillant entre policier et commentaire social, inspiré de faits vécus.

"Pour moi, c’est un film loupé. Dans mon premier scénario, le rêve, l’univers intérieur des Indiens, intervenait beaucoup plus. Le scénariste que l’on m’avait imposé l’a rejeté et a transformé le film en polar. Par la suite, ce scénario qu’il avait construit et que j’ai tourné, il a refusé de le signer!"

Les Bûcherons de la Manouane (1962)

La vie "exemplaire" des bûcherons du Haut-Saint-Maurice captée à hauteur d’homme.

"Je pense que c’est mon premier et un de mes meilleurs films. J’aime l’image de la fin, quand Guy Charon, de Rivière-du-Loup, sort avec son cheval de l’écurie de Dufresne. On sent qu’il fait froid…"

Le mépris n’aura qu’un temps (1970)

Regard plein d’empathie pour la condition précaire des ouvriers de la construction.

"Je l’ai revu (récemment) après bien des années. Je suis encore ému. On y rencontre des gens plus intelligents que beaucoup d’hommes politiques en place… J’aurais aimé faire un genre de fiction avec des ouvriers, pour faire comprendre de l’intérieur ce qu’ils vivaient."

Du 2 au 30 mars
À la Cinémathèque québécoise

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