Maman Last Call : Môman!
Dix ans après sa parution, Maman Last Call, de Nathalie Petrowski, prend enfin vie au grand écran sous la gouverne de François Bouvier. Une gestation lente pour un bébé bien vivant.
Règle générale, un livre, même s’il n’est pas un prix Nobel de littérature, s’avère meilleur que son adaptation cinématographique. Et Maman Last Call de Nathalie Petrowski n’échappe pas à cette règle. Non pas que la réalisation de François Bouvier laisse à désirer. Que nenni! Bien que certains cinéphiles purs et durs trouveront à redire contre la facture qu’ils qualifieront rapidement de télévisuelle, notamment à cause de l’utilisation systématique du champ/contre-champ et des plans serrés, force est d’admettre que le réalisateur d’Histoires d’hiver signe un film, ou plutôt une vue, pour paraphraser Guy A. Lepage, vif et pétillant, qui épouse parfaitement le mode de vie et la présence d’esprit des personnages, tous plus névrosés, égocentriques et immatures les uns que les autres.
Au milieu de cette faune féroce règne Sophie Lorain, qui réussit par son charme et son talent à nous rendre sympathique et attachante Alice, columnist célèbre pour ses coups de gueule qui perdra les pédales le jour où elle tombera enceinte, à 37 ans bien sonnés. Dans la peau des meilleurs amis d’Alice, lui donnent la réplique Stéphane Demers, cynique et chiant à souhait en critique de cinéma (n’allez pas croire qu’ils sont tous comme ça!) et Anne-Marie Cadieux, absolument hilarante en greluche météo – laquelle aura droit à un spin-off réalisé pour la télévision dans un avenir pas si lointain. Pour sa part, Patrick Huard, le conjoint de service, nous paraît bien sage, alors que Patricia Nolin se révèle exquise avec ses airs de maman diva; on se demande bien d’ailleurs pourquoi on ne voit pas cette dernière plus souvent: une autre victime de l’âgisme?
Qu’est-ce qui ne va donc pas dans ce petit monde où fusent les répliques gentiment vaches à propos de la maternité, de la féminité et tutti quanti? Les intrigues secondaires laborieusement épinglées au récit original afin de lui donner une meilleure structure dramatique… Honnêtement, on n’en a rien à foutre des histoires de la journaliste rivale et de la jeune femme voulant se faire avorter. Heureusement, la scénariste Petrowski a su conserver l’esprit de son bouquin, tout en évitant de s’engluer dans le gnangnan quand vient le temps des guili-guili ha ha.
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