Jirí Trnka : Le Disney du bloc de l’Est
Jirí Trnka, maître ès marionnettes, fait l’objet d’une rétrospective exhaustive à la Cinémathèque québécoise.
"Le Walt Disney des pays de l’Est…" L’épithète est sans doute abusive, mais elle a fait époque. Chose certaine, elle atteste l’ascendant de Jirí Trnka, grand maître du cinéma d’animation tchèque. Polyvalent, l’artiste s’est, entre autres choses, essayé au dessin animé (avec succès), mais a surtout contribué à élever l’animation des marionnettes au rang des beaux-arts. Pour lui, cette discipline constitue un vecteur expressif sans pareil, capable d’émouvoir petits et grands.
La carrière de Trnka démarre après la Seconde Guerre mondiale. Puisant à même le folklore tchèque, s’inspirant de classiques de la littérature, le Praguois construit un univers très personnel en dépit de certaines contraintes extérieures (manipuler des pantins sous la botte communiste procède presque de la résistance ironique…). Jirí Trnka s’éteint au lendemain du printemps de Prague, en 1969, laissant derrière lui une œuvre riche et estimée.
L’Homme à ressorts et les SS
(1946, 14 min, sans dialogues, dessin animé sur cellulose)
Un ramoneur intrépide chaussé de ressorts boute les troupes SS hors de Prague. Relevant du mythe, le héros personnifie la lutte contre l’oppresseur nazi. Court métrage se distinguant par son humour sombre et cinglant. Seul film en noir et blanc de Trnka. Classique.
Le Rossignol et l’Empereur de Chine
(1948, 76 min, sans dialogues, marionnettes et images réelles)
Un garçonnet souffreteux conçoit un songe dans lequel un empereur chinois échappe à la mort grâce au chant d’un rossignol. Ouvre splendide, qui aborde divers thèmes chers à Trnka à travers le prisme de la poésie lyrique. D’après Hans Christian Andersen.
Le Chant de la prairie
(1949, 22 min, sans dialogues, marionnettes)
Un sombre vilain s’en prend à une diligence transportant de l’or et une belle jeune fille. Heureusement, un cow-boy solitaire veille au grain. Parodie d’un western de John Ford (Stagecoach) intégrant des éléments d’opérette. Scénario plein d’allant. Personnages savamment typés.
La Main
(1965, 19 min, sans dialogues, marionnettes)
Une main autoritaire harcèle un pauvre potier qui refuse de modifier sa production – il fabrique des pots, la main exige des paluches à son effigie. Métaphore sur le rapport entre l’art et le politique. Comporte des éléments surréalistes puissants. Dénouement trempé d’ironie grinçante. Une des dernières œuvres de Trnka.
Du 3 mars au 5 mai
À la Cinémathèque québécoise
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