Be Cool : Friction pulpeuse
Cinéma

Be Cool : Friction pulpeuse

Be Cool réunit John Travolta et Uma Thurman 10 ans après leur rencontre chez Tarantino. Dommage, leurs retrouvailles  achoppent.

Leur union filmique, célébrée il y a une décennie dans Pulp Fiction, n’avait jamais connu de lendemain avant aujourd’hui. Question de circonstances défavorables, sans doute. Depuis, M. Travolta s’est commis dans diverses commandes très moyennes, dilapidant le capital de sympathie engrangé auprès de sa bonne fée Tarantino. Mlle Thurman, elle, trouvait récemment dans Kill Bill I & II le(s) rôle(s) d’une carrière, grâce au même Quentin T. Les deux comédiens se retrouvent enfin, cette fois sur le plateau de Be Cool, sous la houlette du réalisateur F. Gary Gray (The Italian Job).

Suite tardive à Get Shorty (1995), exquise comédie satirique réalisée d’après un roman d’Elmore Leonard, Be Cool remet en selle le personnage de Chili Palmer – campé par Travolta avec un plaisir apparent. Parangon de "coolitude", ledit Chili affectionne les costards noirs, aime bien siroter du thé glacé et n’a pas honte de rouler en voiture hybride (sa Cadillac a été victime d’un attentat…). Venu à Hollywood tenter sa chance comme producteur il y a 10 ans, Chili a mis l’industrie cinématographique à sa botte. Las de faire des vues, il compte maintenant user de son charme persuasif pour s’insinuer dans les cercles de la musique pop. Après avoir fait la découverte de la prometteuse artiste Linda Moon (Christina Milian), Chili se tourne vers la veuve d’un vieux pote, Edie Athens (Uma Thurman), qui dirige une maison de disques. Une audition est organisée, et voilà le travail. Ou presque. Car il y a un hic: Miss Moon a déjà signé un contrat avec le gérant Nick Carr (Harvey Keitel), vieille "connaissance" de Chili. C’est à qui fera chanter qui…

On se demande ce que tout ce beau monde peut bien trouver à la petite, qui a tout du profil "star-cacadémie". On demande même au chanteur d’Aerosmith, Steven Tyler (dans son propre rôle de vieux fossile), de faire mousser le "talent" de la chanteuse… Enfin, ces péripéties s’avèrent accessoires, dans la mesure où l’intérêt de Be Cool tient à la réunion Travolta-Thurman. On était prêt à démêler un fil conducteur plein de nœuds si, en contrepartie, John et Uma y allaient de quelques pas de danse. On s’engageait à tolérer un humour assez plat du moment que les deux oiseaux honoraient les spectateurs de quelques reparties acidulées.

Bref, on se montrait bon public vu le potentiel de ces retrouvailles longtemps différées. Malheureusement, là où on attendait des éclairs, on a droit à des étincelles. Be Cool, malgré sa fraîcheur, manque de pulpe. Travolta a l’avantage de (re)trouver un personnage lui permettant de briller (il n’a pas tenu meilleur rôle depuis une décennie). Thurman, en revanche, révèle vite ses limites dans un rôle mal défini (mi-vamp, mi-vadrouille). La dame est visiblement plus à l’aise lorsqu’on lui demande de botter du popotin. Tout compte fait, il aurait sans doute mieux valu que ces deux-là renouvellent leurs vœux en présence de leur ami Tarantino.

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