Capsules FIFA : Cinéma cinémas
Au FIFA, le 7e art et ses artisans sont aussi à l’honneur.
DENNIS HOPPER: THE DECISIVE MOMENTS
L’œil vif et clair, le teint légèrement hâlé, Dennis Hopper n’a pas du tout l’air d’un rescapé des années 1960. Reconnu autant pour ses stupéfiants excès que pour son talent brut(al), le comédien/photographe/réalisateur américain fait presque mentir son image d’enfant terrible. Remontant quelque 50 ans en arrière, Hopper se rappelle ses débuts au théâtre ("par l’entremise de Shakespeare…"), évoque sa rencontre avec James Dean ("plus qu’un mentor, un ami…"), revient sur les films qui ont fait – et défait – sa carrière (Easy Rider, Apocalypse Now, Blue Velvet…). À sujet fascinant, documentaire captivant.
PICTURES AND TIMES: MICHELANGO ANTONIONI
Dans sa volonté de théoriser l’œuvre d’Antonioni, ce documentaire italien ouvre des pistes de réflexion intéressantes. Passant en revue la filmographie du maître (un peu trop rapidement, peut-être), le réalisateur Luca Verdone sollicite le commentaire éclairant de proches et de collaborateurs. Fait intéressant, là où les témoignages retenus tendent à l’analyse pointue, le discours d’Antonioni lui-même tend à nier toute propension à l’intellectualisation. "Les films se doivent d’atteindre à la plus grande beauté possible", explique-t-il simplement. Riche en extraits de longs métrages ainsi qu’en entrevues, Pictures and Times… se démarque aussi par certains segments d’archives rarissimes.
CINÉMA DALÍ
L’homme aux célèbres moustaches a toujours cultivé l’excentricité. Son talent fou et affolant n’a pas toujours été bien compris, mais il a su s’exprimer de manière foisonnante. Jamais aussi bien qu’à la caméra, diront certains. Travaillant de manière chronologique, les réalisateurs de Cinéma Dalí s’intéressent principalement à l’œuvre filmée du Basque: des films tournés avec le complice Bunuel aux élucubrations visuelles à saveur autopromotionnelle, en passant par diverses bobines privées. Clou du spectacle: ces spots publicitaires oubliés dans lesquels le grand Salvador fait mousser, entre autres choses, les vertus de l’Alka-Seltzer. Farfelu!
FRANÇOIS TRUFFAUT, UNE AUTOBIOGRAPHIE ¸
Le culte Truffaut is alive and well. Vingt ans après la mort du réalisateur des 400 coups, la réalisatrice Anne Andreu appelle à la barre une pléiade de fans, d’amis et de compagnons d’armes émus, heureux d’en témoigner. Cela dit, pour un disparu, François Truffaut occupe beaucoup, beaucoup de place à l’écran, par le truchement de bouts de films, de photos ou de lettres. L’homme se raconte, évoque ses préoccupations, discute de sa méthode avec verve et enthousiasme. Petits bémols: la construction chronologique cantonne au simple survol et l’alter ego Jean-Pierre Léaud manque à la liste des invités.
LEAVING HOME, COMING HOME: A PORTRAIT OF ROBERT FRANK
Photographe et réalisateur réputé, Robert Frank est plus à l’aise derrière que devant l’objectif. Cet homme jouant le jeu du documentaire pour la première fois se montre d’abord assez sceptique: Frank adresse à la caméra du réalisateur un "ça suffit, on arrête ça là…", reprochant à l’entreprise son manque flagrant de spontanéité. Mais les choses se tassent et l’artiste, amadoué, consent à nous ouvrir sa porte. Un regard à la loupe sur ses meilleurs clichés, immortalisant le visage de l’Amérique des années 1950, révèle la sensibilité et l’amour de Frank pour ses sujets. Portrait touchant d’un géant discret.