Robots : Roulez, les mécaniques
Vif et coloré, Robots, de Chris Wedge et Carlos Saldanha, constitue une brillante réussite technique malheureusement plombée par un récit machinal.
Lorsqu’il se dévoue à la recherche de solutions techniques, le cinéma d’animation états-unien a parfois tendance à négliger ses récits. Ainsi, certaines œuvres s’apparentent à des présents merveilleusement emballés dans lesquels on aurait oublié de placer la surprise. Cas d’espèce pertinent, le formellement superbe Robots repose sur une histoire qu’on dirait écrite à la va-vite, et dont le propre consiste à appuyer maladroitement divers enjeux et valeurs à la mode.
Dans un monde peuplé de robots où la logique marchande pousse les vieux modèles à la scrap, le jeune inventeur Rodney emprunte la voix d’Ewan McGregor (Hugolin Chevrette, dans la version doublée au Québec) et s’allie à un industrialiste rêveur pour déjouer les plans d’un jeune cadre arriviste. Les aideront dans leur lutte quelques amis robots menacés d’extinction (surveillez Fender, à qui un Robin Williams, ou un Benoît Brière, déchaîné sert de "porte-parole"…).
Suivant le conseil de son père, Rodney s’applique à réaliser son potentiel et à mettre ses talents au service de la collectivité. Beau message, auquel se greffe notamment un commentaire sur les dangers du corporatisme à tout crin. Histoire de barbouiller un peu le propos, quelques gags vulgaires sont livrés à intervalles réguliers. Mais on n’est pas forcés de rire.
Sorti des mêmes studios (Blue Sky) qui avaient conçu le très profitable Ice Age, Robots parvient à compenser ses carences scénaristiques par une exécution artistique remarquable. La sophistication des décors, la vivacité des couleurs et le soin accordé à l’anthropomorphisme des personnages méritent certainement deux morceaux de robot.
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