Schultze Gets the Blues : Le cousin germain
Cinéma

Schultze Gets the Blues : Le cousin germain

Schultze Gets the Blues relate l’improbable coup de foudre musical d’un Allemand moyen. Chronique ordinaire sur fond d’accordéon.

Difficile de trouver héros plus quelconque. Jeune retraité, le gars Schultze (Horst Krause) occupe désormais ses journées à jardiner, à taquiner le poisson et à boire au pub du coin. Avec sa bedaine de houblon et ce petit chapeau qu’il arbore peu importe le temps, notre gus incarne un fritz parfaitement commun. Ce Schultze, héros très improbable donc, va pourtant vivre des choses extraordinaires (si tant est qu’on les mesure à l’échelle extraordinairement ordinaire de son quotidien).

Avisez la scène, désarmante de banalité: une nuit d’insomnie, notre homme allume son transistor. Une chanson aux accents exotiques vient lui chatouiller le tympan. Colorée et primesautière, la mélodie est portée par un accordéon – instrument que Schultze aime bien toucher -, mais n’a rien à voir avec le répertoire local. C’est le coup de foudre: l’Allemand Schultze est tombé amoureux d’un air cajun.

Cousin germanique d’About Schmidt, Schultze Gets the Blues, premier film de l’Allemand Michael Schorr, met soigneusement en scène le vague à l’âme d’un homme qui se demande ce qu’il fera du reste de sa vie. Astiquer ses nains de jardin? Engraisser son potager? Les banales actions du quotidien ne suffisent pas, et Schultze le sait bien. Lui reste un semblant de passion pour l’accordéon, hérité de son défunt père. C’est grâce à cet instrument qu’il vivra une heureuse épiphanie culturelle.

Dans une scène à se taper sur les cuisses, Schultze se rend chez son médecin pour lui expliquer ce mal étrange dont il souffre: lui, un fondu de polka, ne joue plus qu’une musique américaine appelée zydeco! Le toubib s’étant montré rassurant, le "malade" choisit d’assumer sa passion publiquement. Quand l’amicale des musiciens du coin lui offre de se rendre aux États-Unis pour participer à un festival de musique traditionnelle, Schultze s’envole. La deuxième partie du film suit alors avec candeur son pèlerinage en terre sainte, raconte ses rencontres fortuites au milieu des bayous de la Louisiane.

Le cinéaste Schorr conclut son film en conduisant Schultze jusqu’à son paradis. Bienheureux, le Teuton trouve le bonheur entre une platée de crevettes et deux p’tites gigues. Ne reste plus, dès lors, qu’à trinquer à la santé de cet extraordinaire homme ordinaire. Prosit!

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