Mensonges et Trahisons : La vie des autres
Mensonges et Trahisons (et plus si affinités), de Laurent Tirard, raconte les déboires amoureux et littéraires d’un biographe aspirant romancier.
Devenu lecteur de scénarios chez Warner pour Joel Silver et Roland Joffé après des études en cinéma aux États-Unis, Laurent Tirard a ensuite aiguisé sa plume durant sept ans au Studio Magazine pour lequel il signait des Leçons de cinéma (publiées sous forme de bouquin aux États-Unis). Bien qu’il ait fait ses classes à Hollywood, il semble que ce soit l’air de Manhattan qui ait davantage influencé Tirard. À preuve, son premier long métrage Mensonges et Trahisons, très français par sa facture, n’est pas sans rappeler par son esprit les comédies de mœurs d’un jeune Woody Allen.
Pour gagner sa vie, Raphaël (délicieusement désinvolte Édouard Baer) écrit des autobiographies de célébrités. Alors qu’il s’apprête à rédiger celle d’un footballeur fou de Baudelaire (Clovis Cornillac, à la fois hilarant et attachant), Raphaël découvre que ce dernier est l’amant de son premier amour, Claire (Alice Taglioni, charmante). Déchiré entre sa copine Muriel (lumineuse Marie-Josée Croze), qui le presse d’écrire un roman, et Claire, qui ne lui semble pas indifférente, Raphaël devra pour la première fois de sa vie affronter ses propres démons.
Légère, spirituelle et un brin sexy, la comédie de Laurent Tirard paraît avoir été créée sur mesure pour Édouard Baer qui y est comme un poisson dans l’eau, aux côtés de Marie-Josée Croze, très à l’aise avec l’accent parisien et dans le registre comique. Fort de son rythme vivant et de son dialogue très bien écrit, avec quelques passages improvisés, comme cette scène tordante où le footballeur énumère ses conquêtes sexuelles, Mensonges et Trahisons offre un portrait aussi tendre que caustique des trentenaires par le biais de personnages typés qu’on a l’impression d’avoir déjà rencontrés – à défaut de pouvoir s’y reconnaître -, tout en écorchant le stupide culte voué aux célébrités. Ainsi, autour de Muriel l’architecte bien ancrée dans la réalité et Raphaël fuyant constamment dans ses fantasmes, évoluent Max (Jean-Michel Lahmi), workaholic obsédé par l’argent à la recherche de l’amour, et Jeff (Éric Berger, le Tanguy d’Étienne Chatiliez), glandeur devant l’Éternel. Bien qu’il ne réinvente pas la roue avec son récit somme toute conventionnel, Tirard signe, chose trop rare sur nos écrans, un divertissement intelligent.
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