Sébastien Rose : La Vie avec mon père
Cinéma

Sébastien Rose : La Vie avec mon père

Avec La Vie avec mon père, Sébastien Rose, qui a traité sur un mode léger de son amour des femmes dans Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause, revient sur une note plus dramatique pour traiter du désarroi au masculin.

Ne vous méprenez pas: même si la publicité le laissait entendre et que Paul Ahmarani tient l’un des rôles principaux de La Vie avec mon père, ce deuxième long métrage de Sébastien Rose n’est pas la suite de Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause. Pourtant, nous nous sentons en terrain connu puisque nous retrouvons une fois de plus une famille monoparentale en pleine crise existentielle, un peu comme si l’univers du deuxième film était le miroir inversé du premier: "Il y a une certaine continuité dans La Vie avec mon père, de raconter le réalisateur, dans le sens où le personnage de Hélène Florent incarne cette espèce de fascination, voire une certaine vénération, qu’ont les hommes pour la femme. Quant au constat d’échec des hommes, il est véhiculé par le père, qui souffre d’impuissance, un problème que vivent plusieurs hommes et dont peu arrivent à parler. S’il y a autant de pubs de Viagra, c’est que les gars n’en parlent pas assez; on ne règle pas le problème en gobant des pilules!"

Aspirant écrivain paumé, Paul (Ahmarani) vit au crochet de sa petite amie Sylvie (Florent) dans la maison familiale qui tombe peu à peu en ruine. Son frère Patrick (David La Haye), directeur dans une compagnie pharmaceutique, semble mener une vie parfaite dans sa maison cossue. Un soir d’automne, surgit François Agira (Raymond Bouchard), écrivain célèbre – même s’il n’a écrit qu’un roman! – et père manquant de Paul et Patrick, aujourd’hui poursuivi par ses créanciers et incapable de satisfaire les femmes. Forcés de cohabiter avec leur père, les deux frères, aidés de Sylvie, qui deviendra à la fois amante, fille, mère et sœur, devront conjuguer leurs forces afin d’offrir à leur paternel une fin digne de lui.

Il est étonnant de constater qu’un réalisateur trentenaire se penche avec autant de tendresse et de sensibilité sur les problèmes d’une génération souvent malmenée par les X, celle des baby-boomers: "Je suis un gars, c’est évident que ce problème-là me tracasse…" Plus encore, alors que le premier film se voulait un portrait de famille sur fond de métaphore guerrière (rappelez-vous Micheline Lanctôt à cheval sur un canon ou citant L’Art de la guerre), on se surprend de voir dans La Vie avec mon père une métaphore domestique que l’on associe rarement aux "films de gars": "Pour mon deuxième film, je souhaitais un langage plus cinématographique, c’est pour cette raison que la maison est devenue un personnage. Sans doute que ce drame intimiste ne pouvait se passer ailleurs qu’à la maison, qui n’est pas une maison typique car elle est chargée de symboles, c’est une métaphore du corps du père, c’est la mort sous tous ses angles. Ceci dit, je crois que La Vie… est plus positif et moins cynique que Comment ma mère…" À nous d’en juger dès le 17 mars en film d’ouverture du Festival du film de l’Outaouais. La Vie avec mon père sortira ensuite sur les écrans du Québec le 25 mars.