Vénus et Fleur : L’amour à la plage
Vénus et Fleur, fable rohmérienne ultra-light, met en scène quatre personnages en quête d’amour. Rencontre avec Emmanuel Mouret, Frédéric Niedermayer et Veroushka Knoge.
Fan de Guitry et de Rohmer, le jeune réalisateur Emmanuel Mouret (Laissons Lucie faire) ne s’en cache pas, sa tasse de thé, c’est la légèreté: "Je pense que c’est un idéal de vie, une fonction pleine de noblesse, de vitalité et de joie. Un film est toujours traversé d’humeurs, mais il y a toujours une humeur dominante, je dirais une certaine humeur un peu sereine, un joyeux fatalisme. Cela dit, je ne trouve pas que le film est léger; Fleur est sérieuse et la fin est très balancée. Je crois que ce qui m’intéresse dans la légèreté, c’est une certaine forme d’élégance et de pudeur par rapport aux choses. Quand ça va mal, on ne répand pas sa tristesse, par noblesse et par élégance, comme dans les grandes tragédies."
Demeurant pour l’été dans une grande maison avec vue sur la mer, la timide Fleur (touchante Isabelle Pirès) fait la connaissance de la conquérante Vénus (fougueuse Veroushka Knoge, Russe de naissance et Montréalaise de cœur). Ensemble, elles tenteront de conquérir les garçons et bientôt, elles croiseront Dieu (cabotin Frédéric Niedermayer, producteur du film) et Bonheur (Julien Imbert, coincé à souhait).
Fable sans prétention vaguement inspirée de Rohmer – le réalisateur-scénariste ne prétend pas avoir écrit une étude sur les comportements des jeunes gens en rut -, Vénus et Fleur repose sur les caractères diamétralement opposés des jeunes filles. Mais en fait, sont-elles aussi différentes qu’elles le paraissent? Veroushka Knoge apporte un éclairage intéressant quant à la nature des héroïnes: "Elles sont tout à fait à l’opposé, mais elles pourraient être deux facettes d’une seule femme. Selon moi, Vénus n’existe pas, c’est une fée qui est venue aider Fleur; elle est l’opposé total de Fleur, qui entre dans sa vie et en sort sans explication. Il leur arrive des choses qui ne peuvent arriver qu’au cinéma."
Parmi les lignes de force de cette comédie pétillante, mentionnons la personnalité des comédiens, pour qui Mouret a écrit les dialogues en style indirect afin qu’ils s’expriment avec naturel, et la fantaisie: "La fantaisie est intéressante au cinéma, explique le cinéaste, quand elle nous découvre un pan de la fantaisie de la vie; par exemple, comme mes personnages, nous avons tous des prénoms porteurs de sens, de qualités. Le cinéma exagère les choses pour faire éclater la vérité."
Avec sa fraîcheur et sa naïveté désarmantes, Fleur et Vénus fait littéralement figure d’ovni: "C’est ce que j’aime du film, de conclure Niedermayer, on est dans l’ère du cynisme et soudainement, voici ce film à contre-courant. D’ailleurs, ce serait une erreur fondamentale d’y voir un second degré, où se cache souvent le cynisme, car ce qui est magnifique dans le film d’Emmanuel, c’est ce premier degré très pur. Notre plus grande récompense, c’est de voir les spectateurs ravis et émus; on se dit alors: rien n’est perdu, finalement."
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