Danser Perreault : Esprit de corps
Danser Perreault de Tim Southam, présenté en compétition officielle au FIFA, est une incursion dans l’univers du regretté chorégraphe québécois.
Ayant déjà réalisé deux films consacrés à la danse, Les Voix intérieures et Satie et Suzanne, Tim Southam signe ici un petit bijou tant sur le plan visuel que sur le plan sonore. Ainsi, le réalisateur de The Bay of Love and Sorrows a su dépasser cette jouissance des sens afin de nous amener un peu plus loin sur le territoire de la réflexion. De fait, les grands axes du travail du chorégraphe Jean-Pierre Perreault (1947-2002) sont développés grâce à des notes écrites tirées de ses cahiers et à différents points de vue – apportés par des danseurs ayant connu intimement le chorégraphe sur une longue période – qui savent autant nous émouvoir que nous faire entrer au cœur de la technique de ce maître québécois.
La narration, savamment dirigée par la plume d’Andrée Martin (ex-critique de danse au Devoir et aujourd’hui professeure au Département de danse de l’UQAM), nous transporte habilement, à l’aide d’exemples photographiques ou dansés – somptueusement filmés en HD -, d’un thème à l’autre. C’est ainsi que les témoignages instructifs des Lucie Boissinot, Sandra Lapierre, Marc Boivin, Sylvain Poirier, Mark Shaub, Sylvain Émard, Daniel Soulières et AnnBruce Falconer nous font passer de la fascination de Perreault pour l’espace et son architecture à la confection des costumes, ou encore au travail de duo, pour ne donner que quelques exemples. De plus, ces divers aspects sont présentés sous différents angles grâce aux points de vue singuliers des interprètes mentionnés. Notre lecture s’en trouve grandement enrichie.
Il est intéressant de constater que le traitement par l’image de l’œuvre de Jean-Pierre Perreault semble aller de soi. Aussi, il n’est pas étonnant d’apprendre que celui-ci concevait ses pièces comme des œuvres picturales, bien avant de les amener à la scène; la notion de cadrage, permettant de faire le rapprochement avec l’univers cinématographique, était donc déjà bien présente dans son travail.
En plus de présenter un portrait juste de ce créateur polyvalent, Danser Perreault, produit par les Films de l’Isle, a le mérite d’être un document de consultation fort instructif pour tout étudiant ou néophyte voulant en apprendre davantage sur le métier de chorégraphe. Sûrement l’un des exemples les plus complets!
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