La Vie avec mon père : Je reviens chez nous
Cinéma

La Vie avec mon père : Je reviens chez nous

La Vie avec mon père relate les retrouvailles de deux fils manqués avec leur père manquant. Un rôle en or pour Raymond  Bouchard.

Aspirant écrivain paumé, Paul (Paul Ahmarani, désinvolte) vit au crochet de sa petite amie Sylvie (Hélène Florent, charmante) dans la maison familiale qui tombe littéralement en ruine. Son frère Patrick (David La Haye, étonnant dans un contre-emploi), directeur d’une compagnie pharmaceutique, semble mener une vie parfaite dans sa maison cossue. Un soir d’automne surgit François Agira (Raymond Bouchard), écrivain célèbre – il n’a écrit qu’un roman, mais quel roman! – et père manquant de Paul et Patrick, aujourd’hui poursuivi par ses créanciers et incapable de satisfaire les femmes. Forcés de cohabiter avec leur père, les deux frères, aidés de Sylvie, qui deviendra à la fois amante, fille, mère et sœur, devront conjuguer leurs forces afin d’offrir à leur paternel une fin digne de sa renommée.

Abandonnant le mode sitcom de Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause, Sébastien Rose livre ici une comédie dramatique où l’humour tantôt cinglant tantôt pétillant laisse graduellement place aux émotions sincères. Alors que l’on croit d’abord assister à un règlement de comptes sous forme de discussions viriles et spirituelles, La Vie avec mon père pose, à mesure que la déchéance du père s’accentue, un regard plein de tendresse et de sensibilité sur le vieillissement et, plus encore, sur l’acceptation de la mort. Au-delà du conflit des générations, Rose nous renvoie à la cruelle réalité de la mort des parents, pour lesquels certains choisiront de devenir des aidants naturels à l’instar des deux frères. Ainsi, lors d’une scène bouleversante, Paul et Patrick doivent donner le bain à leur père, qui vient de souiller son pyjama. Un moment difficile tourné avec respect et pudeur, où les masques des trois hommes tombent pour de bon.

Malgré son thème morbide, La Vie avec mon père se veut un hymne à la vie que l’épicurien François, incarné par Bouchard, qui combine formidablement truculence et fragilité, transmettra à ses fils. Avec ses clins d’œil avoués à Mon Oncle Antoine de Jutra et à Au Clair de la lune de Forcier, le film de Rose s’inscrit par sa bonhomie et sa poésie dans la lignée des films de Carle, à l’époque bienheureuse des Mâles.

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