Découvertes allemandes : Neuf fois passera
Cinéma

Découvertes allemandes : Neuf fois passera

La treizième édition des Découvertes allemandes propose neuf films signés par des réalisateurs trentenaires. Le cinéma se porte très bien au pays de Fassbinder.

Au cours des dernières années, le public d’ici et d’ailleurs a craqué pour de nouveaux talents du cinéma allemand tels Roland Suso Richter (Der Tunnel), Hannes Stöhr (Berlin is in Germany), Oliver Hirshbiegel (Das Experiment, La Chute) ou encore, pour des œuvres de cinéastes d’expérience méconnus comme Wolfgang Becker (Good Bye, Lenin!). Jusqu’à la fin mai, le Goethe-Institut propose de faire découvrir aux germanophiles neuf nouvelles voix qui signent des première ou deuxième œuvres, lesquelles témoignent de l’effervescence du cinéma allemand. Voici ce que nous réservent les premières semaines de Découvertes allemandes:

A Pass from the Back (Aus der Tiele des Raumes)

À la veille de mourir, le vieux Hans Günther entreprend de raconter à une infirmière sceptique l’extraordinaire histoire d’une figurine de baby-foot. Retour aux années 1960. Le jeune et timide Hans Günther (Arndt Schwering Sohnrey, gauche à souhait) ne vit que pour le football miniature. Un soir, alors qu’il passe la nuit chez Doris, charmante photographe, sa figurine porte-bonheur tombe dans la baignoire remplie de produits chimiques et en ressort transformée en être humain (Eckard Preuss). Premier long métrage de Gil Mehmert, cette gentille comédie fantaisiste mise sur une suite de quiproquos tirés par les cheveux et de gags visuels naïfs. Malgré tout, l’ensemble s’avère charmant grâce à la reconstitution d’époque et aux mimiques amusantes de Preuss. Qu’en penseront les vrais mordus de football européen? (31 mars et 1er avril, première nord-américaine)

Netto

Gagnant du prix du Dialogue en perspective à la dernière Berlinale, ce premier long métrage de Robert Thalheim rappelle par sa nostalgie de l’Est et la difficile relation père-fils Berlin is in Germany. Chômeur chronique, Marcel (Milan Peschel, excellent) reçoit la visite de Sebastian (Sebastian Butz, naturel), son fils de 15 ans qu’il n’a pas vu depuis quelques années. Ce dernier décide alors d’aider son père à refaire sa vie. Toutefois, Sebastian réalisera bientôt que Marcel préfère les rêveries à la réalité. En partie improvisé, le film de Thalheim repose sur une esthétique naturaliste donnant encore plus de force au marasme dans lequel semble se complaire le protagoniste. Une goutte d’espoir dans un océan de pessimisme. (7 et 8 avril, première nord-américaine)

Graven Upon Thy Palm (In die Hand geschrieben)

Forcée par son mari violent et possessif de prendre soin de son père, invalide à la suite d’une rupture d’anévrisme, Maria (Irma Schmitt, émouvante) arrive difficilement à concilier ses croyances religieuses et ses propres désirs. La tentation de céder à ses pulsions sexuelles devient insoutenable le jour où elle commence à recevoir de mystérieux coups de téléphone d’un homme prétendant tout connaître d’elle. Avec sensibilité, Rouven Blankenfeld trace le portrait d’une femme incomprise par son milieu trop conservateur pour comprendre les épreuves qu’elle traverse. Un premier long métrage dur et austère, comprenant des scènes difficiles et impudiques, qui bascule graduellement du drame familial à la tragédie. À faire grincer des dents par le conservatisme borné qu’il dénonce. (14 et 15 avril, première nord-américaine)

Identity Kills

Deuxième film de Sören Voigt (Tolle Lage), Identity Kills raconte les tribulations de Karen (Brigitte Hobmeier, convaincante et attachante), jeune femme qui découvre à sa sortie d’une clinique psychiatrique que son petit ami vit avec son ex dans leur appartement. Humiliée par un homme l’ayant prise pour une autre jeune femme, Karen décide de changer son destin en s’immisçant dans la vie de celle-ci. Tourné caméra à l’épaule et reposant sur des dialogues improvisés, Identity Kills possède une facture brouillonne qui correspond bien à l’état d’esprit de la protagoniste qui s’enfonce avec délice dans la folie. Prévisible mais non sans intérêt. (21 et 22 avril, première québécoise).

Les jeudis à 20 h et les vendredis à 18 h 30, du 31 mars au 27 mai, à la salle Norman-McLaren du Goethe-Institut.