Rétrospective Pierre Mignot : Images de marque
Pierre Mignot, directeur photo et réalisateur québécois de renommée internationale, est à l’honneur jusqu’au 25 mai à Cinémathèque québécoise.
Passionné de photographie dès l’âge de 11 ans, Pierre Mignot découvre le cinéma en voyant une photo de Michel Brault lors d’une exposition. Assistant monteur de Brault pour Entre la mer et l’eau douce, il abandonne la photographie vers 1965 pour devenir caméraman à Radio-Canada et à l’ONF, où il travaille entre autres avec Jean-Pierre Lefebvre (Jusqu’au cœur), Gilles Groulx (Entre tu et vous) et Jean Chabot (Une nuit en Amérique). Sa carrière de directeur photo prend réellement son envol en 1976 grâce au très beau film de Jean Beaudin, J.A. Martin photographe.
Remarqué par Robert Altman, qui a dit qu’il voyait ses films à travers les yeux de Mignot, celui que l’on surnomme le peintre des cinéastes signera les images d’une dizaine de films du grand réalisateur américain, dont Come Back to the Five and Dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean et Streamers, ses deux films les plus réussis, avec celui de Beaudin, selon les propres dires de Mignot. Malgré le succès aux États-Unis, ce dernier continuera de travailler au Québec, notamment avec Léa Pool, Robert Lepage et Robert Favreau.
Afin de souligner ses quelque 40 ans de carrière, la Cinémathèque a préparé une rétrospective d’une quinzaine d’œuvres réalisées entre 1971 et 2000. Parmi celles-ci, mentionnons d’abord le téléfilm de Pierre Mignot Blue la magnifique, d’après un scénario de Louise Matteau. Souhaitant faire carrière à Nashville, une jeune chanteuse western (Geneviève Rioux, lumineuse) prend la route avec une itinérante menteuse et manipulatrice (Denise Filiatrault, dans l’un de ses plus beaux rôles). Photographié par Allen Smith, Blue la magnifique démontre l’étonnante sensibilité de Mignot comme directeur d’acteurs. Précédé du court métrage Les Amazones, de Mignot également (le 13 avril).
De Léa Pool, signalons Rispondetemi, extrait de Montréal vu par… six variations sur un même thème, qui suit l’itinéraire d’une jeune femme (Anne Dorval) observant Montréal couchée sur le dos dans une ambulance, ainsi qu’À corps perdu, où la caméra de Mignot nous fait découvrir Montréal tel qu’on ne l’a jamais vue (le 13 avril).
La rétrospective se poursuit avec Cruising Bar de Robert Ménard, avec Michel Côté dans quatre rôles, et le froufroutant Prêt-à-porter d’Altman, mettant en vedette une kyrielle de stars (20 avril). Sur une note plus sensuelle, sera présenté La Vie fantôme de Jacques Leduc, où Ron Lea, Johanne-Marie Tremblay et Pascale Bussières forment un triangle amoureux (27 avril). Vient ensuite Hiroshima, téléfilm de Roger Spottiswoode qui retrace les événements entourant le lancement de la bombe atomique (28 avril).
Bénéficiant de la lumière caressante de Mignot, le nostalgique Sous-sol de Pierre Gang raconte les émois d’un enfant qui ne veut pas grandir (4 mai). Enfin, la rétrospective se termine par deux adaptations de pièces de théâtre, Nô de Robert Lepage (11 mai) et Les Muses orphelines de Robert Favreau, d’après la pièce de Michel Marc Bouchard (25 mai), où l’inventivité des réalisateurs combinée à la caméra attentive de Mignot libère les œuvres de leur carcan théâtral.
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