Conspiracy of Silence : Plaisirs défendus
Cinéma

Conspiracy of Silence : Plaisirs défendus

Conspiracy of Silence, premier long métrage de John Deery, s’intéresse à l’épineuse question du célibat chez les prêtres catholiques. Il y a quelque chose de pourri au pays de James Joyce.

Alors que vient de s’éteindre l’un des papes les plus réactionnaires du 20e siècle, arrive sur nos écrans sans tambour ni trompette cette modeste réalisation de John Deery, Conspiracy of Silence, qui se veut une dénonciation du conservatisme de l’Église catholique. Fort louable dans l’ensemble, mais trop prudent pour être réellement efficace, Conspiracy of Silence débute avec éclat. Assistant à une réunion extraordinaire du Vatican, le jeune prêtre Sweeney (Patrick Lynch) brandit soudainement à bout de bras une affiche sur laquelle est écrit "L’Église a le sida". Trois ans plus tard, il se tire une balle dans la tête. Au même moment, Daniel (Jonathan Forbes), séminariste doué ayant quitté sa petite amie pour dédier sa vie à Dieu, est renvoyé de l’institution sous prétexte qu’il aurait fait des avances à l’un de ses condisciples. Croyant que ces deux faits divers sont reliés, le journaliste David Foley (Jason Barry) décide d’enquêter. Une pluie de scandales sulfureux éclabousseront bientôt le petit bled irlandais de Galcranagh.

Basé sur des faits réels, Conspiracy of Silence illustre avec des airs de déjà-vu l’hypocrisie des tenants de droite de l’Église catholique, semblant tout droit sortis d’un tribunal de la Sainte Inquisition, qui s’acharnent à défendre sans la moindre réflexion des idées centenaires sur la prêtrise. Dans le camp adverse et ne remettant nullement en cause leur foi en Dieu, des catholiques progressistes tentent tant bien que mal de prouver que le célibat n’est pas nécessairement le mode de vie idéal pour les prêtres et que l’homosexualité n’est pas le propre des laïques. Malheureusement, dans ce combat manichéen, qui s’annonce éternel, le chantage a plus de place que le dialogue. Et après, on se surprendra que 100 000 hommes aient quitté la robe au cours des 25 dernières années… Combien de scandales sexuels devra-t-on dévoiler avant que le Vatican ouvre les yeux sur la nature humaine? Y a que les anges qui n’aient pas de sexe!

Du côté de la réalisation, Deery, qui signe également le scénario, ne montre guère plus d’inspiration que pour un banal téléfilm de dimanche après-midi pluvieux. Ainsi, pour nous rappeler que l’action se situe en verte Erin, celui-ci multiplie les cartes postales, toutes plus bucoliques les unes que les autres, sans oublier de les saupoudrer de mélodies celtiques. Malgré la courte durée du film, Deery prend la peine de faire défiler à quelques reprises les rares images-chocs du film en fondus enchaînés. Et l’on ne vous parle pas de la scène d’amour trop prude pour être vraiment sensuelle. Si ce n’était du fait que le journaliste possède un téléphone cellulaire, on se croirait devant un truc frileux datant des années 60. Dommage qu’un film dénonçant un sujet toujours brûlant se révèle une entreprise poussiéreuse comme un vieux séminaire abandonné.

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