Vues d'Afrique : Dire l'Afrique et le monde créole
Cinéma

Vues d’Afrique : Dire l’Afrique et le monde créole

Les 21e journées de Vues d’Afrique re-proposent l’occasion rare de voir des films de tous horizons qui racontent les multiples réalités africaines et créoles.

Du 14 au 24 avril, le cinéma africain et créole sera une nouvelle fois à l’honneur. En effet, le festival Vues d’Afrique, l’un des plus importants rendez-vous culturels de l’année, propose pour la 21e édition de son volet cinéma 110 films et vidéos qui présenteront en images, en couleurs et en rythmes autant de points de vues sur les diverses réalités africaines et créoles.

Parmi les films importants de ces 21es journées, quelques films ont été portés à notre attention. Ces films témoignent du désir toujours pressant de dire la réalité africaine et créole afin de la saisir, la définir et mieux la comprendre. Mais dire la réalité, c’est parfois dire franchement la haine et la violence. Pour mieux en triompher, peut-être.

La nuit de la vérité, de la réalisatrice burkinabé Fanta Regina Nacro, raconte l’histoire de deux ethnies d’un pays africain fictif qui, après 10 ans d’affrontements sanglants, viennent de signer une paix précaire. Cette harmonie retrouvée devra cependant passer le test ultime d’une nuit de vérité qui scellera l’accord. Une nuit durant laquelle des ennemis jurés seront invités à partager un repas fraternel et durant laquelle une mère tentera de faire face à ceux qui ont massacré son fils. La cinéaste soutient avec force et sensibilité l’idée que, pour obtenir la paix, il faut savoir se faire violence et accepter d’aller vers l’autre en passant outre les blessures et les rancunes.

Dire la violence et l’indicible pour obtenir la paix et la justice, c’est aussi ce qu’ont accepté de faire, avec un courage immense, les femmes de Viols sur ordonnance, un moyen métrage belge de Myriam Lanotte qui parle du viol comme stratégie militaire. Dans ce reportage coup de poing, des femmes du Congo témoignent dans l’espoir contre leurs tortionnaires traînés devant un tribunal international. D’anciens enfants-soldats et tortionnaires, accueillis dans des centres de réintégration sociale, racontent, avec un sourire naïf, les viols qu’ils ont commis. Se rendant sur les lieux des crimes, la réalisatrice écoute les victimes et constate l’immensité du travail d’éducation qu’il y a encore à accomplir, et ce, avant même de pouvoir parler de justice.

Du Maroc, le captivant long métrage La Chambre Noire, de Hassan Benjelloun, évoque la traque acharnée des forces de l’ordre contre les activistes marxistes-léninistes dans le Maroc des années 70. Le traitement filmique plutôt austère de ce drame politique bien ficelé évoque, bien sûr, le cinéma de Costa-Gavras. Mais le lyrisme, l’enthousiasme et les accents mélodramatiques si chers aux cinémas d’Afrique du Nord ne sont jamais bien loin.

Nous avons aussi beaucoup aimé Marron, la piste créole en Amérique, de l’infatigable André Gladu, produit dans le cadre de la série La piste Amérique de l’ONF. Dans ce récit de voyage, raconté en bonne partie à la première personne, Gladu part à la recherche des origines de la présence créole en Louisiane. Son histoire du peuple créole aux États-unis se fond de façon fascinante à l’histoire de sa musique, source du blues, du gospel et du jazz. Comme dans le film de Gladu, la musique, les couleurs et ce regard particulier de l’autre sont le propre de Vues d’Afrique. D’autres récits n’attendent que nous pour être vécus.

Voir calendrier Cinéma