Travellers and Magicians : Trouver sa voie
Travellers and Magicians est une belle aventure philosophique dans un paysage qui se révèle à l’écran pour la première fois.
Mandolini Carlo
Réalisé par Khyenste Norbu (The Cup), Travellers and Magicians est un conte philosophique lumineux qui traite du choc des civilisations vécu par un jeune fonctionnaire rêvant d’ailleurs et, surtout, d’Amérique. Avec ses cheveux longs, ses espadrilles rutilantes et sa radio qui crache du rock, Dondup fait figure d’excentrique dans ce village reculé du royaume du Bhoutan. Malgré son poste privilégié dans ce lieu qui respire la sérénité, le jeune homme est anxieux. Depuis un mois, il attend une lettre qui lui dira s’il peut enfin réaliser son rêve: se rendre aux États-unis. Lorsqu’on lui demande ce qu’il compte trouver là-bas qu’il n’a pas déjà ici, Dondup répond sans hésiter: de l’argent – beaucoup – et de très belles filles.
La bonne nouvelle arrive enfin. Mais le jour du départ, Dondup rate l’autobus. Il lui faudra alors attendre sur la route qu’un véhicule s’arrête. Cependant, il ne restera pas seul bien longtemps: un vendeur de pommes, un moine, un marchand et sa fille se joindront bientôt à lui. C’est à contrecœur et avec une certaine arrogance que Dondup devra accepter d’attendre avec eux. Les véhicules qui passent ne s’arrêtent pas ou ne peuvent les conduire que sur une courte distance. Pendant les deux jours que dure cet étrange voyage, le moine raconte à Dondup l’histoire de Tashi, un jeune étudiant en sorcellerie qui a perdu son âme à force de rêver de sirènes et d’ailleurs. Petit à petit, le fonctionnaire comprend que cette histoire, c’est la sienne.
Délibérément ambiguë, la finale ne nous permet pas vraiment de savoir si le jeune homme poursuivra finalement son rêve. Et c’est parfait ainsi, puisque Travellers and Magicians ne se veut pas moralisateur et encore moins réactionnaire. Le film propose plutôt une réflexion devant trouver un écho en chacun de nous. Premier long métrage tourné au royaume du Bhoutan, Travellers and Magicians profite d’une machine cinématographique solide. Produit par Jeremy Thomas, le producteur de Bertolucci, le film est d’une belle richesse esthétique. Le scénario, simple mais efficace, notamment en ce qui concerne les changements de ton, jongle aisément avec les récits parallèles qu’il s’impose. Bon directeur d’acteurs, Khyenste Norbu a également su soutirer de belles performances de ses interprètes non professionnels… essentiels dans cette belle surprise que se révèle être Travellers and Magicians!
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