Festival du film juif de Montréal : Fête juive
Le Festival du film juif de Montréal célèbre cette année son 10e anniversaire. Coup d’œil à la programmation de cet événement en plein essor.
Celui que d’aucuns considèrent comme le plus grand de nos "petits festivals" souligne cette année ses 10 ans d’existence. Les cinéphiles qui participeront à la fête se verront offrir une plus grosse part de gâteau que jamais: généreux et diversifié, le menu préparé par la directrice Susan Alper et son équipe compte des spécialités de 15 pays différents. Au total, quelque 40 films. Des courts et des longs, des documentaires et des fictions. Plus de la moitié des œuvres sélectionnées sont offertes en première montréalaise. Les autres ont déjà été reçues et vues avec bonheur ici ou là. Petit échantillon de ce qui nous attend…
LA PREMIÈRE FOIS QUE J’AI EU 20 ANS
Fiction. Réal. Lorraine Lévy. Avec Marilou Berry, Catherine Jacob et Serge Riaboukine. (Français; s.-t. anglais.)
Hannah, ado enveloppée et un brin cafardeuse, tente de se faire une place dans le jazz-band de son lycée. Léger bémol: jamais une fille – juive qui plus est – n’a réussi à pénétrer ce groupe très sélect. Comédie plantée dans le Paris des années 60, La première fois… est un joli petit film pastel qui vaut surtout pour la performance de l’excellente Marilou Berry, aperçue récemment dans Comme une image. Sympathique. N. B. Une sortie en salle est à prévoir.
CAMPFIRE
Fiction. Réal. Joseph Cedar. Avec Michaela Eshet, Maya Maron, Hani Furstenberg et Moshe Ivgy. (Hébreu; s.-t. anglais.)
Jeune veuve mère de deux filles, Rachel Gerlik caresse le rêve de s’installer dans une nouvelle colonie religieuse en Cisjordanie. Sa progéniture n’est pas trop ouverte à l’idée. Au contact de Yossi, un chauffeur de bus qui lui conte fleurette, Rachel réévalue son plan. Réalisation efficace quoique sans grand éclat, Campfire réussit à croiser plusieurs fils narratifs sans faire de nœuds. Principale qualité: une certaine façon d’aborder des questions graves sans tomber dans le pathos.
PRENDRE FEMME
Fiction. Réal. Roni Elkabetz et Shlomi Elkabetz. Avec Roni Elkabetz, Simon Abkarian et Gilbert Melki. (Hébreu, arabe, français; s.-t. français.) Rien ne va plus entre Eliyahu et Viviane. Ensemble depuis 20 ans, mari et femme se sont éloignés l’un de l’autre jusqu’à ce que leurs repères communs s’abîment complètement. Pris dans cette tourmente conjugale, les quatre enfants du couple, témoins impuissants, semblent résignés à voir la fin arriver. Intense et dérangeante, cette chronique autobiographique est marquée par de grands silences et des cris à la limite du tolérable. À souligner, l’immense prestation de la comédienne Ronit Elkabetz, beauté foudroyante et tragique, que l’on peut également (re)voir dans Or (Mon trésor), à l’affiche de ce FFJM.
WATERMARKS
Documentaire. Réal. Yaron Zilberman. (Anglais, hébreu, allemand; s.-t. anglais.)
Dans la Vienne des années 30, les nageuses du club sportif juif Hakoah écument les flots, battant tous les records. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Allemagne annexe l’Autriche, les athlètes parviennent à quitter le pays in extremis. Soixante-cinq ans plus tard, le réalisateur Zilberman se rend interviewer les survivantes, qui aux États-Unis, qui en Grande-Bretagne. Ces vieilles dames dignes et disertes, toutes dans la "quatrevingtaine", acceptent de faire un pèlerinage à Vienne où, peut-être pour une dernière fois, elle feront quelques longueurs dans le bassin de leur ancien club. Mélangeant photos d’archives et témoignages récents, Watermarks constitue un documentaire étonnamment poignant qui culmine, à la piscine, par une scène d’anthologie. Fort.
KEEP NOT SILENT
Documentaire. Réal. Ilil Alexander. (Hébreu, anglais; s.-t. anglais.)
Portrait aussi original qu’audacieux, Keep Not Silent nous présente trois lesbiennes faisant partie d’un groupe de soutien clandestin connu sous l’appellation "ortho-dykes". Issues de la communauté orthodoxe ou ultra-orthodoxe, ces femmes assument, chacune à sa manière, leur différence. Exemple: Ruth, mère de six enfants, voit son amoureuse deux fois par semaine… avec le consentement de son mari. Il faut entendre l’époux témoigner, lui qui pense "que sa femme commettrait faute beaucoup plus grave si elle ne couvrait pas ses cheveux…" Franc et direct, Keep Not Silent bénéficie du solide lien de confiance établi avec ses sujets. Costaud.
MOMENTS, ISRAEL 2004: THE FACE OF THE NATION
Collection de courts métrages signés par divers réalisateurs. (Hébreu; s.-t. anglais.)
Chacun des 14 courts métrages réunis offre, en trois minutes pile, un point de vue singulier sur la société israélienne actuelle. Suite au projet Moments Israel 2002, cette courtepointe filmique réjouit, étonne, dérange, émeut. Du lot se démarque Value of Values, réflexion amusante sur la valeur, monétaire comme historique, des billets de banque. Le reste n’est pas piqué des hannetons, non plus. Info: (514) 448-5610, www.miff.qc.ca
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