Enchaîné : Vie de chien
Cinéma

Enchaîné : Vie de chien

Luc Besson a écrit et produit Enchaîné, dont il a confié la réalisation à son ancien assistant, Louis Leterrier, qui imite parfaitement son style, pour le meilleur et pour le pire.

Il s’agit de la deuxième production de Besson, après Le Baiser du dragon, à mettre en vedette Jet Li. Le décor change, toutefois, puisque cette fois on quitte Paris pour la grisaille de Glasgow, où la star chinoise incarne un champion d’arts martiaux capable de tuer n’importe quel adversaire sur le champ d’un seul coup de savate bien placé. Souffrant d’amnésie et totalement dépourvu de la moindre volonté propre, ce redoutable tueur est soumis comme un chien à son maître, le gangster Bart (Bob Hoskin, dans une performance juteuse), qui l’utilise pour éliminer ses ennemis ou leur flanquer une sacrée frousse. D’où l’idée du collet de chien dont est affublé le héros, et qu’on lui retire pour le faire passer en mode "attaque".

Cette vision presque grotesque d’un homme réduit à l’état de pit-bull (il couche dans une cage, mange de la viande en "canne") et l’incroyable violence des tueries auxquelles on le force à participer confèrent aux premières scènes de ce film très "clippé" un climat presque malsain de totale déshumanisation. Évidemment, c’est voulu puisque Besson nous attend au détour avec une volte-face mélo comme lui seul a le culot d’en servir. Souvenez-vous de Nikita et Le Professionnel, avec leurs histoires d’assassins impitoyables qui se découvrent un cœur.

Cette fois, notre machine à tuer va renouer avec son humanité au contact d’une jeune musicienne (Kerry London) et de son tuteur, un accordeur de piano aveugle (Morgan Freeman). Tous deux recueillent Danny après qu’un accident de la route eut laissé son maître pour mort. Il se transforme alors en grand frère et en fils adoptif. La jeune fille lui apprend à se servir d’une cuillère, à manger de la crème glacée et à jouer Carmen au piano (je n’invente rien), tandis que le vieil homme en fait son assistant et lui promet même de l’emmener vivre à New York. On nage dans ce sirop pendant tout le deuxième tiers du film, avant de revenir dans le troisième acte en mode bain de sang. D’une manière ou d’une autre, on patauge.

Louis Leterrier est à Luc Besson ce que Danny est au gangster Bart, c’est-à-dire un exécutant soumis doté d’une technique terriblement efficace. Ça aide que les combats soient réglés par le doué Yuen Wo Ping (The Matrix), et que la musique soit signée Massive Attack.

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