Star Wars: Épisode III – La revanche des Sith : Tour de Force
Sombre et tragique, Star Wars: Épisode III – La revanche des Sith triomphe sur le plan du fond et de la forme. Mais pourquoi s’en étonne-t-on?
On s’attendait au pire. Les deux épisodes précédents, mécaniques molles sacrifiées à l’autel de la technologie, manquaient cruellement d’âme et de mordant. George Lucas, pourtant mieux équipé que jamais, semblait incapable de recréer la magie petit budget des débuts. Forcément, par atavisme, le très attendu Episode III, chapitre final d’une saga amorcée il y a presque trois décennies, allait venir au monde handicapé. Borgne ou boiteux, ou bien les deux.
Mais surprise! Le bébé est en santé. Le papa, semblant soucieux de l’accueil brique et fanal qu’on allait faire à son rejeton, s’est visiblement forcé pour mener à bien cet ultime test de paternité. Retrouvant la maîtrise de son coffre à outils, plongeant sa plume narrative dans une encre très noire, monsieur Lucas propose une conclusion logique, audacieuse et enlevante au plus célèbre cycle jamais conçu sur la planète Hollywood.
À moins d’avoir séjourné au pays des Ewoks ces 30 dernières années, on saura qu’Anakin Skywalker (Hayden Christensen, plus assuré), jeune Jedi doué, doit ici et maintenant succomber au charme du côté obscur de la Force (il enfilera enfin le costume de Darth Vader!). Séduit par le vil sénateur Palpatine (Ian McDiarmid, excellent), il trahit son mentor, Obi-Wan Kenobi (Ewan McGregor, en forme), et abandonne sa femme, Padmé (Natalie Portman, plutôt effacée). Sombre et tragique dénouement. Or, tout ça était écrit et espéré. Restait à connaître le comment de l’affaire. On vous laisse le plaisir de la découverte.
Sur le plan de la technique, la réussite est manifeste. La Revanche des Sith déploie les trésors d’imagination attendus. Cette fois, les effets numérisés semblent mieux intégrés (ou est-ce notre œil qui s’est habitué?). Lucas excelle particulièrement à mettre en scène les scènes de combats aériens, mieux rendues que jamais. Ses décors, riches et variés, participent à la fois d’une vision urbaine futuro-médiéviale et d’un cauchemar quasi dantesque (l’affrontement final, sur fond de lave et de fureur, évoque The Lord of the Rings…) Sur le plan narratif, le minimum syndical est largement atteint. Épuré et économique, le scénario réduit les irritants au minimum et s’efforce de répondre aux questions de logique interne. Efficace.
Voir calendrier Cinéma