La couleur chante, Molinari : Les mots de Molinari
Cinéma

La couleur chante, Molinari : Les mots de Molinari

La couleur chante, Molinari est un film d’art à la fois cérébral et onirique où se matérialise – et se dématérialise – la passion de l’artiste pour son art et celui des autres.

Pénétrant et visuellement raffiné, La couleur chante, Molinari est à la fois un portrait et un essai vidéo sur l’œuvre du peintre montréalais Guido Molinari, décédé en 2004 et qui aura été pendant 50 ans l’un des porte-étendards les plus flamboyants de la peinture "abstraite" au Québec. Plus qu’un simple portrait documentaire, ce film de la vidéaste Lauraine André-G. (Prix de la meilleure œuvre canadienne, FIFA 2005) est, en soi, une œuvre d’art qui évoque la vision artistique du peintre avec sensibilité et originalité.

À la fois visuellement riche et rigoureux, le film joue essentiellement sur deux tableaux. À un premier niveau, il privilégie la parole et, surtout, le discours sur l’art et sur l’objet d’art. Tout au long du film, il est passionnant d’entendre les différents intervenants (notamment Fernande Saint-Martin, François-Marc Gagnon) mettre la création de l’artiste dans un contexte social et esthétique. Il est aussi émouvant d’entendre Molinari, rongé par la maladie qui allait bientôt l’emporter, parler avec enthousiasme de certaines de ses œuvres ou vibrer devant un tableau de Mondrian et les mots de Mallarmé.

Parallèlement, le film sait aussi se faire résolument onirique et ludique en proposant son propre discours esthétique grâce à une approche plutôt intéressante de l’image vidéo haute définition. Dans cette optique, la caméra observe les œuvres de Molinari comme pour en célébrer la matière, l’éclat et le rythme. Puis, elle pénètre la matière et se l’approprie. Les couleurs, les formes et même les gens se dématérialisent alors sous nos yeux et se baladent sur l’écran au gré des mots et des sons.

En syntonie avec le travail de l’artiste, les éléments visuels se multiplient et s’entrechoquent dans une chorégraphie qui remet perpétuellement en question l’organisation de l’espace dans le cadre et surtout notre façon de percevoir le monde. Par cette approche, la réalisatrice parvient à mettre en images l’essence même de l’esprit artistique de Molinari. Aussi, le film devient d’une certaine façon aussi abstrait et virtuel que l’univers qu’il évoque, réussissant pleinement à communiquer la démarche esthétique de l’artiste et de cet art différent qu’il a tant soutenu.

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