Lords of Dogtown : La renaissance du cool
Cinéma

Lords of Dogtown : La renaissance du cool

Lords of Dogtown raconte l’histoire d’un groupe de skaters californiens, les Z-Boys, qui ont régné à Venice Beach dans les années 70. Rencontre avec Tony Alva et Stacy Peralta, les vrais Seigneurs de Dogtown.

En 2001, Stacy Peralta, cofondateur de la céIèbre équipe de skateboard Bones Brigade, signait Dogtown and Z-Boys, un documentaire musclé et nerveux qui allait donner ses lettres de noblesse à la culture skate des années 70, celle-là même à l’origine des sports extrêmes.

Pour Lords of Dogtown, Peralta s’est fait scénariste afin de raconter sur un mode mi-fictif la montée et la chute des Z-Boys, équipe qu’il formait avec Jay Adams et Tony Alva, à l’aide de scènes de skate décoiffantes filmées à la manière d’un documentaire. Avant d’arriver au grand écran, Lords of Dogtown a cependant dû passer entre les mains de plusieurs réalisateurs, dont David Fincher et Fred Durst, avant d’atterrir dans la cour de Catherine Hardwicke, réalisatrice de Thirteen, mémorable drame de mours sur une ado en pleine crise d’identité.

Afin d’illustrer le rêve californien des Z-Boys, la cinéaste a pu compter sur l’aide de ces derniers, Adams, Alva et Peralta, ainsi que sur celle de Skip Engblom, fondateur de la boutique de sport Zephyr, pour chaque étape de la production; Alva a lui-même donné une formation de skate de trois mois à Emile Hirsch et Victor Rasuk.

Hardwicke se concentre sur ce qui compte: les prodigieuses coupes de cheveux extravagantes, les plans caméra à l’épaule, l’action déjantée et la bande sonore. Pour le casting, elle n’y est pas allée de main morte. John Robinson (Elephant) interprète Peralta; Rasuk (Raising Victor Vargas) joue Alva; Hirsch, grande sensation de l’heure depuis The Dangerous Lives of Altar Boys, incarne Jay Adams avec une grâce arrogante. Sous les boucles blondes d’Engblom, Heath Ledger rappelle Val Kilmer version Jim Morrison.

Une chose est sûre, la réalisatrice n’a pas enduit sa caméra de Vaseline pour capter l’univers des skaters. Rugueux et glamour, Lords of Dogtown est une bouffée viscérale à prendre à pleins poumons. Les premières images nous plongent dans le feu de l’action alors que des ados dégingandés exécutent des prouesses divines au-dessus des nids-de-poule de Venice Beach. Et tandis que le soleil se lève au-dessus de la plage, vous vous laissez envahir par Voodoo Child de Hendrix avec l’impression d’enfoncer vos orteils dans le sable chaud.

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Qu’est-ce qui vous manque le plus de cette folle époque?

Tony Alva: La jetée me manque beaucoup; elle était grande et pleine d’espaces secrets. Il y avait une salle de bal où les bands avaient l’habitude de jouer; on y trouvait toutes sortes de gens. Sous la jetée, il y avait une espèce de bordel gai. C’était vraiment un paradis décrépit.

Stacy Peralta: Je pense que c’est la liberté qui me manque, tout simplement. Nous pouvions faire et dire des choses qui n’étaient pas jugées par la politique d’une façon ou d’une autre. On nous percevait tellement comme des vandales que nous étions loin de penser que ce que nous faisions pouvait donner un quelconque résultat!

Avec le recul, considérez-vous que vous étiez des vandales?

Alva: Non, parce que nous ne faisions rien pour blesser personne et nous ne volions pas. Nous skations dans des piscines, voilà tout.

Peralta: Nous avions l’habitude d’inscrire sur une liste noire les gars qui venaient pour vandaliser. Nous faisions des graffitis, mais jamais sur les parois des piscines, seulement sur les murs des alentours parce que c’était la façon traditionnelle d’avertir les autres que c’était notre territoire.

Comment avez-vous trouvé le fait de travailler avec plusieurs réalisateurs sur ce projet?

Peralta: David Fincher ne s’intéressait qu’à la quincaillerie; quand Catherine Hardwicke est arrivée, elle a démontré qu’elle était très préoccupée par les rapports sociaux entre les personnages…

Elle voulait enseigner aux acteurs comment skater plutôt que de montrer à des skaters comment jouer?

Alva: C’était ce qu’il fallait faire. On peut apprendre à un jeune à skater, mais pas à jouer. Cela dit, ces gars-là n’ont pas eu à faire de la haute voltige, seulement à se sentir à l’aise sur une planche.

D’après le film, vos gestes semblaient inspirés par une sorte d’anarchie innocente; qu’en était-il en réalité?

Peralta: À l’époque, nous étions libres. De nos jours, quand quelque chose de cool émerge, les grandes compagnies américaines ou internationales s’en accaparent. Dans le temps, elles ne voulaient rien savoir de nous, alors nous nous développions en marge. Aujourd’hui, chaque fois qu’un truc cool arrive, on le retrouve dans une pub de coca un mois plus tard.

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