Vitesse Lumière : À bras-le-gore
Cinéma

Vitesse Lumière : À bras-le-gore

Parmi les films qu’il reçoit, Carnior, l’organisateur de Vitesse Lumière, observe un engouement particulier pour le gore ces temps-ci. Chez le public, aussi. Scènes de crime.

"Le monde aime bien le gore parce que c’est drôle, observe Carnior. L’année passée, on avait présenté les films les plus trash le dimanche après-midi et ça avait été plein malgré le soleil. Alors là, on les a intégrés aux soirées normales pour créer plus de partys." Parmi ces films: Le Bagman, une histoire de slasher signée Anouk Whissell, François Simard et Jonathan Prévost (Chez Tony Spaghetti) et L’Attaque des zombies gluants, de David Charbonneau. "On a commencé au secondaire à faire des films pour le fun, raconte François Simard. Au début, on prenait du ketchup ou du jus de tomate pour faire le sang. Puis on a été dans des festivals et le monde a commencé à triper [ils ont gagné le Prix du public à Spasm pour Deux Morts et Le Bagman], alors on a décidé d’en faire d’autres." David Charbonneau, lui, se souvient: "Quand j’étais petit et que j’entrais dans les clubs vidéo, j’étais instinctivement intéressé par le graphisme des pochettes de films d’horreur. J’étais fasciné par les masques en latex et tout. Alors j’ai décidé d’aller étudier les effets spéciaux deux ans à Philadelphie."

David Charbonneau, réalisateur de L’Attaque des zombies gluants: «Ce n’est pas parce que c’est gore que ce ne peut pas être artistique ou créatif.»

On aura compris que ces réalisateurs sont eux-mêmes des fans du genre. "Dans le fond, je fais ce que j’aime regarder en tant que spectateur", résume ce dernier. De même, ils s’entendent pour citer Sam Raimi (Evil Dead I, II et III) et Peter Jackson (Brain Dead et Bad Taste) comme leurs principales influences. Ce qui leur plaît dans ces films? L’humour et le bricolage. "C’est de faire quelque chose qui ne laisse pas les gens indifférents. Si je peux les faire rire, les faire sursauter, leur faire dire: "Ouach, c’est ben dégueulasse", je vais être heureux", ajoute-t-il. Parlez-en à François Simard, dont la famille, ayant demandé à voir ses œuvres lors de quelque réveillon, est encore sous le choc… Ce qui n’a pas empêché son père de l’encourager en lui offrant une "super caméra". Mais surtout, ce parti pris leur permet de percer malgré un maigre budget, tiré de leur poche (2000 $ pour Le Bagman et 1500 $ pour L’Attaque…). "Il faudrait avoir plus d’argent pour réaliser un film sérieux; nous, on aime mieux faire de l’humour", lance François Simard. Un avis partagé par David Charbonneau: "Si j’avais voulu faire une comédie sentimentale avec les mêmes moyens, ça n’aurait jamais passé. Mais là, vu que c’est absurde, que c’est de l’horreur, on est capables d’aller chercher un auditoire."

Cela dit, la débrouillardise est évidemment de mise. "Quand c’est moi qui meurt à l’écran, c’est Jonathan qui fait le Bagman et Anouk qui filme. Quand c’est Jonathan qui meurt, c’est moi qui fais le Bagman, etc.", confie François Simard, avant de préciser, au sujet des acteurs: "La plupart du temps, ce sont nos amis. On essaie de ramasser le plus de victimes possible [20 en 20 minutes pour Le Bagman!]…" Idem pour David Charbonneau, qui a rappelé ses copains d’adolescence ayant déjà joué dans ses films amateurs: "On est allés tourner ça au chalet de mes parents. On s’est amusés pendant trois fins de semaine à se beurrer avec du sirop de maïs, du lait et du colorant alimentaire." Mais il faut dire qu’il travaillait à ce projet depuis deux ans. Comme quoi ces réalisateurs qui rêvent de poursuivre dans le domaine ne comptent pas leurs heures. "On voit ça sérieusement, explique François Simard, alors on met tous nos efforts pour monter d’une coche à chaque film et, éventuellement, aller vers le long métrage." Peut-être même avec le Bagman, pour peu qu’ils aient une bonne histoire. De même, le réalisateur de L’Attaque… croit qu’avec un scénariste et des acteurs professionnels, un peu plus de sous (de 1 à 3 M $) et de temps pour peaufiner les effets spéciaux, son film pourrait durer 90 minutes, et que "ça fesserait pas mal!" Ne reste qu’à leur souhaiter de faire couler encore beaucoup de sang…

Du 9 au 12 juin
Au Temps Partiel et au Musée de la civilisation

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Zones territorialisées

Outre ses traditionnels ateliers-conférences, exposition et films en compétition, la septième édition de Vitesse Lumière compte quelques nouveautés: "Le truc qu’on a trouvé pour allonger l’événement sans trop alourdir nos tâches, c’est d’établir des collaborations avec d’autres festivals, de créer des cartes blanches, explique Carnior. Déjà, l’an passé, on a pu compter sur la participation de Kinö pour faire des films pendant la fin de semaine et les projeter le dimanche soir. Cette année, on aura en plus un programme double hors concours le jeudi soir. Les gens de Total Crap, qui font de la scratch vidéo, c’est-à-dire qu’ils ramassent du matériel un peu partout et font du montage avec, vont concevoir une programmation spéciale, mais avec du stock de partout dans le monde, comme des extraits de vidéoclips de groupes rock d’inspiration horreur ou science-fiction et des parodies turques de Star Wars, E.T. et Star Trek. Il va aussi y avoir un volet de films de combat, présenté par le Festival Spasm. Des films québécois, mais où des gars et des filles se tapochent, font du kung-fu, avec des ralentis, etc. Et le dimanche après-midi, le Festival Off Courts de Trouville va offrir une sélection de films fantastiques français." Histoire de repousser les frontières de l’inconnu, quoi.